On a vu de larges sourires s’afficher à l'ouverture des travaux de la 7e réunion de haut niveau des Parlements du groupe de dialogue de la Méditerranée occidentale (5+5), à Alger. On a vu même des embrassades et autres accolades entre «frères ennemis» comme c’est le cas des deux ministres des affaires étrangères, algérien et marocain.
A la bonne heure, sommes nous tentés d’écrire ! Tout ce beau monde venu de l’Europe du sud et de l’Afrique du nord voudrait discuter des voies et les moyens devant assurer une stabilité de la région et si possible une prospérité partagée. Ah, ce beau slogan (creux !) vendu par le processus de Barcelone puis l’Union pour la méditerranée ! On y est très loin évidemment.
Aujourd’hui la principale préoccupation est de sinon éradiquer, du moins juguler ce qui est appelé dans le jargon des grandes puissances, «l'extrémisme violent», le terrorisme et la migration clandestine. On remarquera que toutes ces questions préoccupent surtout les pays européens qui en subissent les dommages collatéraux de leurs méfaits en Afrique.
Parce que s’il y a des flux massifs d’immigrants clandestins vers l’Europe, c’est parce que ces desperados n’ont plus de perspectives dans leurs pays déchirés par les conflits, la famine et la répression des régimes adoubés par Paris notamment en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
Le vice président de l'association parlementaire de la méditerranée, Taher Kellil, représentant des présidents des deux chambres du parlement algérien, a appelé les participants des deux rives à adopter une «vision commune, cohérente et multidimensionnelle» pour lutter contre les maux de la région et redonner espoir à la jeunesse.
Terrorisme et immigration
Il a souligné également l'impératif d'œuvrer à «un règlement pacifique» des crises et conflits en évitant l'option militaire destructrice et en respectant la souveraineté nationale des Etats.
Pas sûr que la France et accessoirement l’Espagne apprécient ce discours qui remet carrément en cause leurs stratégie de maintien de ces pays du sud sous leur domination. La Françafrique a encore de beaux jours devant elle, même sous la houlette de Macron qui est allé au Mali pour sa toute première visite à l’étranger après l’Allemagne.
De même que l’alliance stratégique entre Paris et Rabat ainsi que plusieurs pays de l’Afrique francophone rend illusoire tout espoir d’une probable politique vertueuse. Les pays européens ont montré lors du «printemps arabe» qu’ils ne croient pas trop aux idéaux démocratiques quand il s’agit de défendre leurs intérêts.
La preuve ? Ce fameux forum du Dialogue 5+5 qui est le plus ancien cadre de coopération dans la région de la Méditerranée occidentale, créé en 1990 à Rome a été suspendu pendant plusieurs années. C’est dire son sérieux…
Il en restera ainsi, aussi longtemps que les pays africains en général et certains de l’Afrique du nord ne se libéront pas de l’influence des anciennes puissances coloniales. C’est dire que dans la forme, la tenue de ce forum donne une fausse image d’un fond qui lui, laisse trop à désirer.