L’Algérie a-t-elle décidé de moduler ses rapports politiques avec les puissances occidentales en ne tenant plus compte de «l’héritage historique ?». Oui, si l’on en croit l’intense coopération entre Alger et Londres ces derniers temps dans ses segments politique, économique et sécuritaire.
En pleine brouille qui ne dit pas son nom avec la France, le Royaume Uni en profite pour se positionner dans un pays aussi stratégique que l’Algérie, longtemps considéré à tort ou à raison comme le pré carré de la France.
La tenue de la 6ème réunion du partenariat stratégique sécuritaire algéro-britannique, a offert l’occasion au représentant de sa majesté de manifester leur volonté de donner un coup de fouet au partenariat multiforme avec l’Algérie. Et les courbes diplomatiques des deux pays semblent en effet se croiser ; à commencer par le sujet brûlant de la Libye.
«Nous partageons pratiquement la même approche en ce qui concerne le rôle que doit jouer le Conseil présidentiel, qui est le seul et unique représentant du peuple libyen et l'émanation de l'accord du 17 septembre et de la chambre des représentants, qui a validé cet accord le 25 janvier dernier» a déclaré à la presse M. Messahel.
Mieux encore, Messahel compte sur le soutien du royaume uni pour amener l’ONU et l’Europe à soutenir la solution politique. Nous sommes membres de l'UA, de la Ligue arabe et pays voisin (de la Libye) et nous pouvons accompagner ce gouvernement, et le Royaume Uni est membre de l'UE et du Conseil de sécurité de l'ONU, donc lui aussi a sa part dans l'accompagnement de ce nouveau gouvernement».
Forcing britannique
La même convergence est constatée sur la crise au Sahel où les deux délégations s’agissant du «terrorisme, du crime organisé et Boko Haram». Le ministre a affirmé qu'il était «urgent que la stabilité revienne au Mali et en Libye parce qu'il y a des liens entre ces situations». Pour Messahel, le partenariat stratégique sécuritaire algéro-britannique était une volonté partagée du président de la République, Abdelaziz Bouteflika et du Premier ministre britannique, David Cameron.
«Il y a une dimension politique qui existait dans le dialogue entre l'Algérie et le Royaume Uni, il y a donc cette dimension sécuritaire, qui elle aussi devait être renforcée», a-t-il souligné.
Le Conseiller de la sécurité nationale britannique, Mark Lyall Grant a lui aussi évoqué le «partenariat stratégique», initié par le président Bouteflika et M. Cameron, il y a quelques années, qui comportait, précise-t-il, l'aspect sécuritaire, abordé aujourd'hui et l'aspect économique, avec ce forum des hommes d'affaires britanniques qui sont venus en force (190 patrons) en Algérie.
Dans la même veine, Lady Olga Maitland, présidente du Conseil algéro-britannique a «déclaré à un confrère que l’ «Algérie n’est plus la chasse gardée de la France». «En Angleterre, nous pensons que l’Algérie est la chasse gardée des Français. Et cela est un obstacle. Mais maintenant, l’Algérie a pris une position de fierté et de confiance et a dit : «Nous décidons avec qui travailler. Nous ne sommes plus un pays colonisé !».
Voilà qui confirme que la France commence lentement mais sûrement à perdre sa position de choix en Algérie au profit des anglais et des américains pour qui seul compte le business.