Le président de l’Assemblée Nationale française, Claude Bartolone, effectue jeudi prochain (02 juin) une visite de travail en Algérie annonce un communiqué de l’ambassade France à Alger. Ce déplacement du n°3 de la république française aurait pu être banal n’était que le contexte actuel des relations bilatérales qui est tout sauf normal.
En effet, entre Alger et Paris, c’est la brouille depuis avril dernier quand le Premier ministre Manuel Valls s'était fendu d’un tweet assassin dans lequel il montre une photo du président Bouteflika visiblement souffrant qui venait de lui faire l’honneur de le recevoir. Il n’en fallait pas plus pour faire réagir la classe politique algérienne, les syndicats et les organisations patronales qui avaient dénoncé un comportement «inadmissible», voire même «abject».
De même que le chef de cabinet du président Ahmed Ouyahia avait usé de mots très forts pour bombarder Manuel Valls coupable d’un geste pas du tout correct. Depuis, les responsables de l’Hexagone ont multiplié d’autres gestes et déclarations inamicaux voire provoquant y compris le président Hollande connu pourtant pour sa pondération.
La dernière en date étant le discours de ce dernier en hommage aux harkis dans lequel il a implicitement accusé l’armée algérienne de les avoir massacrés… Une «sortie» médiatique qui ne ressemble pas au ton plutôt conciliant de Hollande depuis qu’il a pris le palais de l’Elysée. Mais c’était sans compter sur son désir de donner des gages à l’électorat de droite et de l’extrême droite à une année de la présidentielle pour les quelles il n’est guère le candidat idéal même pour la gauche.
Mettre fin aux polémiques
Cela étant dit, la visite de Bartolone en Algérie vise sûrement à dépassionner les choses et faire en sorte que les rapports entre les deux pays ne soient plus empoisonnés par ce genre de polémiques. Dans un communiqué rendu public aujourd’hui lundi, l’ambassade de France à Alger précise que Claude Bartolone devrait, durant son séjour en Algérie, rencontrer son homologue, M. Mohamed Larbi Ould Khalifa ainsi que le Président du Conseil de la Nation, M. Abdelkader Bensalah.
Le ciel se dégage…
Il aura également des entretiens de haut niveau avec M. Abdelmalek Sellal, Premier ministre et sera reçu par M. Ramtane Lamamra, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Bartolone devrait selon la même source, évoquer avec ses hôtes algériens la «concertation bilatérale, notamment en matière économique et sur les questions de sécurité régionale, thèmes de travail retenus par les deux Assemblées».
Le communiqué de l’ambassade française souligne par ailleurs que depuis leur reprise en 2001, les relations entre l’Assemblée nationale française et l’Assemblée populaire nationale algérienne «se sont en effet progressivement étoffées et densifiées». Pour rappel, un protocole-cadre a été signé par les Présidents MM. Jean-Louis Debré et Amar Saâdani à Alger le 21 janvier 2007, qui a ouvert la voie à l’installation, en mai 2009, de cette grande commission interparlementaire.
Enfin, le communiqué assure que le président de l’Assemblée Nationale passera en revue avec ses interlocuteurs algériens, «les multiples facettes de la coopération entre les Parlements français et algérien, et notamment le séminaire annuel des fonctionnaires de parlements francophones de la Méditerranée dont la dernière édition a eu lieu à Alger à l’automne 2015 ».
Il sera aussi question d’échanger sur le «cycle de formation au travail parlementaire organisé conjointement par l’ENA, l’Assemblée nationale et le Sénat et auquel participent régulièrement des fonctionnaires algériens». Il faut rappeler que la France a déjà envoyé Jean Pierre Chevènement, un grand ami de l’Algérie pour tâter le terrain. L’arrivée de Bartolone confirme le dégel des relations entre les deux pays sujets à des chocs cycliques.