L'emploi sera l'un des dossiers majeurs du nouveau président chinois. Avec comme symbole l'usine Foxconn de Shenzen, où la crise en Europe et aux Etats-Unis entraîne un fléchissement de la demande. Et donc une certaine agitation sociale, nouvelle en Chine.
Dans la tentaculaire usine Foxconn de Shenzen, où un demi-million de salariés fabriquent toutes sortes de composants électroniques pour des entreprises occidentales, l'angoisse monte devant le ralentissement de l'économie chinoise.
Moteur du "miracle" chinois du début du XXIe siècle -plus de 10% de croissance annuelle-, l'usine Foxconn, et plus globalement toutes celles de Shenzhen et de la province voisine du Guangdong, dans le Sud du pays, sont aujourd'hui durement frappées par le fléchissement de la demande occidentale. Et l'agitation ouvrière y est désormais quasi-quotidienne.
"Seulement" 7,5% de croissance en 2012
Ce retournement de conjoncture ne pouvait tomber plus mal pour Xi Jinping et le Parti communiste, qui a rebâti sa légitimité en permettant à des centaines de millions de Chinois de s'arracher à la pauvreté avec chaque année des nouveaux emplois par millions. Sous la présidence de Hu Jintao, la Chine s'est ainsi propulsée de la sixième à la deuxième place de l'économie mondiale. Mais 2012 sera l'année de la chute : 7,5% attendus à la fin de l'année, le chiffre le plus faible depuis 1999.
Même si le chiffre fait rêver en Europe, qui connaît au mieux une stagnation de son activité, au pire une récession plus ou moins marquée selon les pays, il fait peur en Chine.
Car il implique un ralentissement de la production. Résultat : la grogne monte chez les ouvriers car leurs attentes ont changé avec le "miracle". De fait, l'agitation ouvrière n'a cessé de se développer et les manifestations, arrêts de travail -le mot "grève" est prohibé- et incidents divers ne cessent de se multiplier, malgré l'absence de syndicats indépendants, interdits.
Relocalisation en cas de hausse de salaires ?
Pour Xi Jinping, la santé des marchés européen et américain sera donc vitale, tant elle permettra de répondre, ou non, à la demande populaire. Un nouveau programme de relance serait aussi à l'étude. Il puiserait dans les recettes fiscales et l'énorme surplus commercial accumulé en 10 ans : trois mille milliards de dollars, 10 fois son montant de 2002. Objectif : réduire la dépendance chinoise à l'égard de ses exportations et stimuler la consommation intérieure.
Mais, dans cette optique, il faudra augmenter les salaires, au risque d'accélérer la tendance des entrepreneurs occidentaux à relocaliser le travail ailleurs, voire à le rapatrier chez eux...