La situation chaotique en Libye est certainement la plus grande menace non seulement pour l’Algérie et les autres pays voisins et du Sahel mais également pour tout le continent africain. C’est en tout cas ce que pense le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, Smaïl Chergui, qui évoque de «graves conséquences».
Pour ce diplomate algérien qui passait ce matin sur les ondes de la radio chaine III la «Daechisation» de la Libye risque d’impacter directement la stabilité de l’Algérie, de la région et de l’ensemble du continent. Il en veut pour preuve que la situation aux frontières est d’après lui, «très difficile».
Venant de la bouche du Commissaire à la paix et à la sécurité de l’union africaine, il y a certainement de quoi s’inquiéter. Smail Chergui souligne en effet que depuis la chute du régime d’El Kadhafi, «la Libye a été transformée en un grand marché d’armes d’où s’approvisionnent les groupes terroristes». Pis encore, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, redoute surtout le retour dans ce pays de quelque «3.000 à 6.000» terroristes engagés avec Daech en Syrie.
Et on voit déjà le résultat puisque la ville de Syrte est presque totalement acquise à la nébuleuse terroriste qui y a installé son «califat».
3000 à 6000 «vétérans» de Syrie de retour
La crainte est que ces bataillons de Daech mettent le cap vers l’ouest de la Libye voire même faire éruption en Tunisie et en Algérie. C’est conscient de ce grave danger que le Commissaire à la paix et la sécurité de l’U.A a appelé à une «mobilisation générale» pour y faire face.
«L’Afrique est non seulement un lieu de transit des drogues dures qui viennent d’Amérique latine et d’Asie, mais aussi il y a des pays qui produisent le cannabis, donc c’est aussi une source importante dans la mesure où ces groupes terroristes sécurisent le passage des trafiquants et récupèrent énormément d’argent», a expliqué Smail Chergui.
Cet ancien ambassadeur d’Algérie en Ukraine pense que les pays riverains de la Libye doivent impérativement «réorienter» leur stratégie de lutte contre le terrorisme de sorte à éviter que Daech ne puisse pas grossir ses effectifs par de nouvelles recrues. Le danger d’internet «Il faut tout faire pour qu’il n’y ait pas radicalisation des jeunes et pour tenter de déradicaliser ceux qui peuvent être récupérés», conseille Smail Chergui, soulignant que «nul n’est à l’abri des actes terroristes».
Il attire surtout l’attention sur le danger que fait peser Internet et les réseaux sociaux sur la sécurité des pays. Il y a d’après lui une sorte de cyber-guerre qu’il faudra mener contre les groupes terroristes en plus du combat conventionnel par les armes. Ces mises en garde du Commissaire à la paix et la sécurité de l’Union africaine interviennent à la veille de la signature, en principe, d’un accord entre les différentes parties libyennes, pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. Les voisins de la Libye se sont réunis dimanche à Rome pour appuyer ce compromis politique pour couper la route à l’avancée de Daech.