Le président Bouteflika a précédé les vacances gouvernementales par des décisions fortes : un Conseil des ministres dans lequel la politique d’austérité est désormais actée, à travers la loi de finances complémentaire, un vaste mouvement dans le corps des walis et, divine surprise, un léger remaniement ministériel.
S’agissant du mouvement dans le corps des walis, il a été complété jeudi par la nomination de Mme Yamina Noria Zerhouni , ex ministre du tourisme, à la tête de la wilaya de Boumerdès et de Abdelakder Kadi ci-devant Ministre de l'agriculture, avec Othmane Mazouz au SG du ministère de l' intérieur au lieu de Nacer Bouteflika, le frère du président, comme annoncé par le réseaux sociaux. Pendant des années, il a été secrétaire général du ministère de la formation professionnelle.
Pour revenir, au mouvement ministériel, force est de noter qu'il est frappé du sceau de la surprise. Et pour cause, le limogeage pour le moins inattendu de Amar Benyounès. Mercredi en Conseil des ministres, il donnait l’impression d’être serein est assuré de passer des vacances tranquilles. Lui-même aurait été surpris, n’en revenait pas, selon des proches à lui à qui il s’est brièvement confié. Considéré comme un des poids lourds du gouvernement, à cause de sa proximité supposée avec Said Bouteflika, il passait pour un intouchable, d’autant qu’il fait partie aussi de la coalition présidentielle souhaitée par Ouyahia.
Pour les observateurs, Amara Benyounès était parti pour rester longtemps au sein de l’exécutif, surtout qu’il a réussi, mieux que tous ces prédécesseurs la redoutable épreuve du Ramadhan. Prix accessibles, disponibilité des produits, si bien qu’on a parlé de « Baraka de Amara Benyounés ».
Que s’est-il donc passé pour être ainsi évincé, alors qu’il a été d’un soutien qui a frisé parfois le zéle, au président Bouteflika. Au point d’ailleurs de s’aliéner bien des amitiés au sein de sa famille politique d’origine. De deux choses l’une : où Bouteflika l’a offert en mouton d’Abraham au lobby islamiste pour sa loi sur la commercialisation des alcools, ou il a fait les frais de sa relation « électrique » avec Sellal qui lui reproche, apparemment de ne pas « jouer collectif ». Mais officiellement on ne saura jamais pourquoi celui qui a pris autant de risques pour Bouteflika, est ainsi lâché.
Mais comme « le système n’oublie jamais ses serviteurs », une formule, chère à tous les commis de l’Etat, il n’est pas exclu qu’à la rentrée Benyounés se voit envoyer à la tête d’une ambassade. Ce dont il rêve, selon ses proches. Selon la sacro-sainte mais néanmoins tacite régle des équilibres régionaux, Benyounès est remplacé par un autre kabyle, tous deux issus de la même famille politique. Il ‘agit de Ould Ali El Hadi qui remplace à la tête du ministère de la jeunesse et des sports, Abdelkader Khomri, qui n’assume plus depuis des mois les charges du MJS, géré par un intérimaire, à cause de sa maladie.
Ould Ali El Hadi, a un peu le profil de l’emploi, car en plus de son âge, sans doute le benjamin de l’exécutif, il a réussi pendant les longues années qu’il a passées à sa tête, à faire de la maison de la culture de Tizi-Ouzou un espace d’échange, de création artistique, d’animation. Ould Ali El Hadi a fait de la maison de la culture Mouloud Mammeri une vraie exception. Pour ce qui est du jumelage des ministères de la pêche et de l’agriculture, le choix n’a visiblement rien de politique mais semble obéir au souci d'austérité budgétaire.