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Chaînes de télé privées : L’Etat va mettre le holà

23-05-2016 17:58  Rafik Benasseur

Il était temps que les pouvoirs publics mettent un peu d’ordre dan un champ audiovisuel débridé où tous les coups sont permis. Le Premier ministre a annoncé aujourd’hui avoir donné instruction au ministre du secteur Hamid Grine, «d’assainir» la situation dans les meilleurs délais, en attendant la mise en place de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel qui interviendra dans les prochaines semaines.

Le mot de Abdelmalek Sellal est on ne peut plus juste. Il s’agira en effet d’assainir un secteur informel, désorganisé et incontrôlable. Mais auparavant, il va falloir installer d’abord la fameuse l’Autorité de régulation de l’audiovisuel à laquelle devrait échoir cette mission. Le Premier ministre annonce la mise sur pied dans les «meilleurs délais». Et c’est tant mieux pour la bonne lisibilité du champ audiovisuel caractérisé aujourd’hui par une inflation de chaines privées dont certaines rivalisent dans l’invective le lynchage et la manipulation.

Pour ce faire, Sellal affirme qu’un «dispositif d’agrément» pour les opérateurs désirant offrir un service de communication télévisuel et radiophonique «a été mis en place sur la base d’un cahier des charges qui vient d’être finalisé et qui fixe clairement les droits et obligations dans ce domaine d’activité ».

Fini donc le journalisme amateur auquel s’adonnent de nombreuses chaînes privées qui ne respectent pas leur mission de service publique et sa dimension pédagogique que le conférait leur statut de télés «offshore». Il est heureux de voir enfin les pouvoirs publics décidés à mettre le holà face aux pratiques malsaines de certaines chaines qui n’apportent aucune valeur ajoutée au secteur audiovisuel algérien.

L’informel, c’est terminé

Désormais, il ne restera plus que celles qui s’investissent réellement dans ce métier passionnant loin du sensationnel et des règlements des comptes. Le gouvernement va placer des garde-fous pour éviter les dérapages constatés depuis 5 années. «Toutes les télévisions qui se conformeront au dit cahier des charges seront agréées en tant que chaines algériennes bénéficiant de toutes les mesures de soutien et d’encouragement prévues par la loi, tandis que celles qu’y dérogeront se verront interdire l’activité en Algérie ».

L’équation est donc claire pour ceux qui ont créé les chaines de télés privées. Ils n’ont qu’un choix à faire : s’adapter ou disparaitre. Le Premier ministre rassure que cette opération ne vise pas à remettre en cause «l’ouverture du paysage audiovisuel, mais d’une réglementation d’un domaine d’activité comme il en existe dans tous les pays du monde et pour préserver la santé morale du pays».

Le tour de vis

M. Sellal se fait for de rappeler que «certains vecteurs audiovisuels versent plus dans la publicité mensongère, la violation de la vie privée, l’atteinte à la dignité des personnes, la désinformation et plus grave encore, des attaques contre la cohésion de la société algérienne avec des appels à la haine, au régionalisme et à la Fitna».

A entendre le Premier ministre, on est fondé à croire que l’Etat va enfin sévir contre ceux qui portent atteinte «aux fondements moraux des algériens» et ceux qui «vulgarisent l’insulte et l’invective». Tous les algériens vont souscrire à cette démarche du gouvernement dont le souci déclaré est d’assurer une télévision «à l’algérienne plurielle, diverse, créative et critique».

Elle permettra aussi de mettre hors jeu une «minorité» d’acteurs de l’audiovisuel «mue par l’appât du gain ou des desseins encore plus vils.». Le dessein est louable pour peu que la démarche soit juste, objective et sans concessions. On devenant «algériennes» les chaines de télévision privées n’auront qu’un seul arbitre : les téléspectateurs.



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