Le Collectif contre la cherté des transports vers l'Algérie (CCTA), a réagi aux propos tenus par le ministre des transports Amar Ghoul, qui s'est fait le piètre avocat de la compagnie aérienne Air Algérie. Dans une lettre ouverte au ministre, que nous reproduisons ci-dessous, le CCTA se dit consterné par les propos du ministre qui vont à contre sens de la véritable réalité qui prévaut au sein de la compagnie, dirigée par un PDG sourd aux doléances de ses clients, tentant de trouver des boucs émissaires pour cacher une criarde mauvaise gestion.
"Le CCTA effaré par le discours tenu par le Ministre des Transports pour soutenir Air Algérie, et ce aussi bien sur la forme que sur le fond.
Sur la forme, il aurait pu avoir un mot de sympathie aussi bien pour les victimes du crash aérien et les familles ainsi que pour l’enfant que la compagnie aérienne a perdu pendant un jour et demi, et ce sans compter les annulations de vols et les retards dont ceux de plus de 26 heures.
Ainsi, on aurait au moins pu considérer qu’il avait si ce n’est un minimum de sympathie au moins un soupçon de respect pour ceux qui ont souffert d’Air Algérie.
Que nenni, bien au contraire, il a fustigé en dénonçant « la féroce campagne médiatique menée à partir de l’étranger contre la compagnie nationale Air Algérie » qui vise « la crédibilité d’Air Algérie ».
Que ne s’est-il interrogé sur les raisons qui poussent les passagers d’Air Algérie qu’ils viennent du pays ou de la diaspora a exprimer un « ras le bol », que dis-je, des ras le bol :
• Ras le bol d’être racketté lors de l’achat de son billet d’avion. Un billet estimé à moins de 200 euros devoir le payer de 600 à 800 euros est inadmissible ;
• Ras le bol de s’inquiéter pour la sécurité de ses propres enfants car il est indéniable que la sécurité est bien en-deçà de ce à quoi l’on devrait s’attendre ;
• Ras le bol des annulations et retards sans prise en considération de la situation des passagers ;
• Ras le bol de l’absence de réponse de la part de la compagnie en cas de difficulté ;
Et la liste n’est pas exhaustive
Jusqu’à présent, nous avions aux commandes un PDG qui, atteint de surdité, ne cesse de ruminer qu’on lui en veut à lui et à la compagnie Air Algérie pour favoriser la concurrence.
Ce qu’il oublie de prendre en considération, c’est qu’il est à l’origine de son propre malheur. On devrait plutôt dire du malheur des passagers d’Air Algérie pris en otage parce que le secteur est verrouillé et qu’il n’y a en réalité pas d’autres alternatives.
D’ailleurs, il se targue de l’augmentation de la clientèle depuis sa prise de fonction. Ce qu’il fait semblant de ne pas voir c’est qu’il n’est nullement à l’origine de l’augmentation du nombre de passagers de la compagnie. Les voyageurs n’ayant que peu de choix avec une concurrence faussée et une diaspora plus importante et le tour est joué.
Qu’il puisse user même de ce type d’argument est un vœu du manque de considération pour les passagers. En plus de nous maltraiter lorsqu’on prend la compagnie il nous prend pour des imbéciles ne comprenant pas comment les choses peuvent s’articuler.
Le ministre des Transports a donc choisi de prendre le parti du PDG et de la compagnie contre la grogne des passagers de cette dernière.
Le ministre pense que c’est depuis le crash de l’avion affrété par la compagnie Air Algérie que le soit disant « lynchage » médiatique « venant de l’extérieur » a eu lieu.
Si les médias ont fait un focus à ce moment précis, et ce de manière bien naturelle, il n’en reste pas moins vrai qu’un mouvement de protestation depuis une longue date a eu lieu, et ce, laissant la compagnie Air Algérie et le ministère des transports dans un état autistique qui n’a fait qu’empirer les choses.
D’ailleurs, la compagnie a même reçu bien avant le crash des courriers s’inquiétant de la sécurité, et ce, sans réponse bien entendu.
En tant que chef d’entreprise ayant la responsabilité de nombreux passagers, hommes, femmes, enfants, si un seul client écrit pour alerter, il faut prendre les dispositions nécessaires et faire un retour client afin de ne pas laisser s’installer un climat d’insécurité.
Ce n’est pas ainsi que la Direction a jugé bon de faire. Trop heureuse de pouvoir se cacher derrière son statut public, elle a dû considérer qu’il s’agissait encore de « zigotos » et a classé le dossier.
Ainsi, Air Algérie n’a pas besoin d’attaques extérieures pour « entacher sa crédibilité ». Elle a fait le travail seule sans l’aide de qui que ce soit, et aujourd’hui appelle à la rescousse le ministre des transports pour sauver l’honneur et la face.
Pour ce qui est de la face, il est bien trop tard. Qui peut aujourd’hui avoir une réelle confiance en Air Algérie ? Pas grand monde malheureusement.
Et l’honneur ? Air Algérie et son dirigeant viennent de le perdre par l’intervention même du ministre des transports.
Quand le ministre dit simultanément que « Air Algérie restera et continuera à exister et nous ne permettrons pas qu’elle soit touchée » et d’ajouter « que l’ouverture du ciel algérien pour d’autres compagnies est inévitable….. L’open sky signifiera la disparition des deux compagnies nationales (Air Algérie et Tassili Airlines) ».
Prédire la mort d’Air Algérie par l’ouverture de la concurrence, signifie tout bonnement pour le ministre des transports que la compagnie est dans l’incapacité de se réformer afin faire face à la concurrence et en précisant qu’il ne fallait pas toucher à Air Algérie c’est donner son blanc seing à Air Algérie à poursuivre le racket des passagers.
C’est ainsi que les mots ont encore un sens et de deux choses l’une, soit le ministre n’a pas l’ensemble des éléments lui permettant de prendre des décisions salutaires pour les passagers ( et majoritairement citoyens algériens) soit il nous fait savoir qu’il va falloir continuer à se faire voler par une compagnie qui ne tient que par la dignité de quelques salariés consciencieux et des passagers trop généreux.
En revanche, si le ministre pense que l’ouverture de l’espace aérien algérien va amener à la fin de la compagnie nationale, nous sommes nombreux à penser qu’une véritable réforme en profondeur et sans complaisance de la compagnie peut au contraire devenir la fierté du pays… ce qui est bien loin d’être le cas aujourd’hui !"
Collectif CCTA