Le président Bouteflika a mis à profit la célébration de la journée internationale de la femme pour reprendre la main dans le débat politique et appeler au renforcement du front intérieur « au bénéfice exclusif de la nation » pour faire échec aux velléités de déstabilisation sur l’Algérie. C’est la substance politique de son message dans lequel il est revenu, bien sûr, sur la situation de la femme algérienne partagée entre l’ambition de modernité et les boulets du conservatisme, dans sa version fondamentaliste.
Si le président évoque ainsi des menaces, alors qu’elles ne font pas, en règle générale, partie de sa rhétorique, c’est qu’elles sont à prendre au sérieux. « Il nous faut en premier lieu, veiller sans relâche, à renforcer le front intérieur au bénéfice exclusif de la nation, et ce pour faire face à toute tentative de déstabilisation du pays", a souligné à ce propos le chef de l'Etat qui fait sien un thème cher à Louisa Hanoune.
Ce Front intérieur, explique t-il est de la responsabilité de tout un chacun. "Ceci relève bien entendu, de la responsabilité de l'Etat, mais aussi de toutes les forces politiques et de chacune des citoyennes et de chacun des citoyens auxquels il incombe de redoubler de vigilance dans le contexte fortement agité où vit la région aux plans politique, économique et social" estime le président.
Une bonne raison pour lui de lancer un appel pour "transcender les divergences, les convictions et les positions des uns et des autres, car la conjonction exige de placer les intérêts supérieurs du pays au-dessus de toute autre considération. Autre thème développé par le président dans son message : les réformes politiques. D’abord il réitère son engagement à les mener jusqu’au bout.
Mais il prône « la sérénité », tout en fixant le cadre : dans le respect des lois de la république ». « Ces réformes seront ainsi mises en oeuvre avec détermination, dans tous les domaines, dans le cadre d'une approche qui privilégie le débat, la concertation et le dialogue entre les partenaires concernés et qui exclut toute tendance à l'invective, à l'offense et à la violence", a-t-il souligné.
Par rapport aux réformes (sans préciser lesquelles) le président maintient le cap."Ni les préoccupations liées aux difficultés du moment à nos frontières ni l'inclination récurrente à des dérapages malvenus (...), n'inhiberont notre attachement à la prise en charge de notre responsabilité et à notre action de continuer à enraciner avec persévérance, une vraie culture démocratique qui implique tolérance et respect de l'avis de l'autre".
En promettant de "garantir l'exercice de la liberté d'opinion pour peu qu'elle soit assumée de façon responsable, de favoriser la participation de tous au débat sur les questions d'intérêt national dans un climat serein et apaisé » le président de la république ne tend t-il pas une perche à l’opposition ? Reste à savoir si l’opposition ainsi invitée à intégrer le front intérieur, à transcender ses clivages, répondra positivement.