L’armée nationale a mis hors d’état de nuire pas moins de 73 terroristes et arrêté 111 autres parmi lesquels des éléments de soutien durant les cinq premiers mois de 2016. Doit-on se féliciter ou s’inquiéter de ces chiffres contenus dans le dernier numéro de la revue «El Djeich», organe central de l’ANP ? La question coule de source. On pourrait répondre oui dans les deux cas.
Oui, c’est toujours rassurant de savoir que notre brave armée pourchasse jusque dans ses derniers retranchements l’hydre terroriste et qu’elle affiche des résultats satisfaisants sur le terrain.
Oui, ça donne de l’espoir de savoir que nos vaillants soldats ne baissent pas la garde et qu’ils gardent intacte leur détermination de déjouer les plans criminels de ces bêtes immondes. Le nombre de munitions, d’armes de guerre saisis, de casemates détruites et d’individus soupçonnés arrêtés quasi quotidiennement dans les quatre coins du pays, mettent en relief cette grande volonté de ne pas donner de quartier aux terroristes.
Oui, tout cela est rassurant surtout dans ce contexte régional marqué par des menaces diffuses à nos frontières. Mais en se félicitant du travail titanesque que mènent nos soldats aux fronts, nous ne devons pas perdre de vue que ce nombre impressionnant de terroristes abattus est aussi un motif d’inquiétude.
350 terroristes en 2003…
Souvenons-nous qu’en 2003-2004, l’ex ministre de l’intérieur Noureddine Zerhouni parlait «d’à peine 350 à 400 terroristes» encore aux maquis. On pensait alors que le phénomène allait s’éteindre sous peu. Mais ne voilà-t-il pas que l’armée populaire nationale vient de tuer 73 terroristes en moins de six mois ! Et si on devait faire l’inventaire de tous les terroristes tués depuis 2004, le nombre serait certainement bien plus important.
En 2015 par exemple, le décompte de l’ANP nous apprend que pas moins de 109 terroristes ont été éliminés et 36 autres arrêtés. Les tués en six mois représentent à peu près la moyenne de terroristes abattus annuellement à savoir 120 environ. C’est pourquoi il faut peut être s’inquiéter de ce que la bête immonde n’est pas encore éradiquée. Et que, au contraire, elle recrute parmi les jeunes sans perspectives grâce à une propagande que les groupes islamistes radicalisés distillent sur internet notamment.
Il y a donc tout lieu de rester sur ses gardes. De redoubler de vigilance face à un ennemi qui est partout et nulle part. C’est ce que disent en priorité ces chiffres de l’ANP censés nous rassurer que nos soldats veillent bien au grain. Oui, mais jusque à quand ? Il faut le répéter aussi longtemps qu’il sera nécessaire : la lutte contre le terrorisme est l’affaire de tous et pas uniquement de l’ANP. La porte de la clémence doit pouvoir être fermée un jour pour mettre les terroristes potentiels devant leurs responsabilités.