C’est désormais officiel, Abdelkader Bensalah a quitté la direction du RND. C’est la radio nationale qui a confirmé l’information en apportant cette précision que Bensalah a choisi la forme épistolaire en adressant sa lettre de démission au Conseil national du parti. Son sort étant scellé depuis des semaines déjà, le désormais ex patron du RND n’avait d’autres choix que de jeter l’éponge.
Mais les formes sont sauves, puisqu’il a échappé à l’humiliation d’une déposition brusque, puisqu'il a choisi la méthode douce, qui correspond parfaitement au tempérament du personnage qui n’est pas du tout porté sur la bagarre politique.
Bensalah a préféré payé de sa personne pour sauver, comme il a déclaré à maintes reprises, le RND, le deuxième pied du pouvoir. En regardant rétroactivement les choses, la démission était un épilogue inéluctable, dès lors qu’il ne faisait plus l’unanimité tant par sa personne que par sa gestion, surtout.
Totalement absorbé par sa responsabilité en tant que président du Conseil de la nation, surtout qu’il a souvent été appelé à représenter le président Bouteflika, Bensalah ne consacrait que très peu de temps au RND. Cette situation a favorisé la montée en cadence d’une fronde interne qui a fini par apparaitre au grand jour.
Aussi bien des membres du bureau national, du Conseil national, toutes tendances confondues ont convergé vers le même constat, à savoir un parti totalement absent de la scène politique dans un contexte particulier et ne communiquant que par fax, à l’occasion des réunions du bureau national. Des communiqués dans lesquels le RND version Bensalah réitérait inconditionnellement son soutien au président Bouteflika et à ses projets politiques, tout en ne ménageant point ses attaques contre l’opposition, notamment la CNLTD.
Mais force est de constater que le soutien à Bouteflika n’aura pas été pour lui d’un grand secours, contrairement à Saâdani, fortement appuyé face à ses adversaires politiques. Maintenant que Bensalah, c’est déjà du passé, ne gardant plus que la qualité symbolique de militant de base, la question est de se projeter dans l’avenir pour savoir la suite du feuilleton qui semble pourtant écrit d’avance.
En effet, en principe Ahmed Ouyahia, lui-même poussé vers la porte de sortie, il y a presque deux ans, va revenir par la grande porte. Il va probablement assurer par intérim la fonction du secrétaire général à partir du 10 juin, date la réunion du Conseil national. Une formule qui sera en vigueur jusqu’à la tenue d’un congrès extraordinaire.
Il va sans dire qu’avec un Ouyahia, animal politique s’il en est, le RND retrouvera l’offensive. Ouyahia, contrairement à Bensalah est un excellent orateur, doté aussi d’une pugnacité politique dont les partis de l’opposition ont souvent fait les frais.
Mais le retour d’Ouyahia à la tête du RND pose moult questions. La première : cumulera-t-il la direction du parti avec sa fonction de directeur de cabinet du président Bouteflika ? La deuxième : ses adversaires, qui étaient derrière son départ accepteront-ils son autorité ? Ont-ils passés un nouveau deal avec lui ? Mais la grande question qui agite les milieux médiatiques c’est bien celle de savoir si le retour d’Ouyahia à la tête du RND n’est pas une façon de le mettre en échauffement, dans la perspective de l’équation de la succession.