Et voilà Belkhadem qui pointe du nez ! Silencieux depuis plusieurs mois, l’ex patron du FLN veut apparemment reprendre ce qui lui semble être son «bien» : le parti majoritaire. Abdelaziz Belkhadem s’est en effet fendu aujourd’hui d’un message qu’il a adressé aux chefs de file des mouvements de redressement du FLN que sont Lâayachi Daâdoua, ex membre du bureau politique et l’inamovible Abderrahmane Belayat qui ne perdent pas espoir de pouvoir récupérer le FLN. Objet de la lettre de Belkhadem ? «Unir les rangs et travailler main dans la main pour atteindre l’objectif tracé ».
Il est donc clair que Belkhadem veut fédérer tous les opposants à l’actuel Secrétaire Général du FLN Amar Saâdani pour lancer l’assaut contre lui. Et il le précise bien dans son message adressé aussi aux militants. «Le terrain du combat pour se réapproprier le FLN, le remettre sur la bonne voie et sa conviction politique novembristes, est un grand champ que personne d’entre nous ne doit contrôler sans l’autre». C’est clairement un appel à un retrait de confiance à Saâdani dans la bonne et vieille tradition de l’ex parti unique.
Ne disposant pas de foule derrière lui pour lutter en solo, Belkhadem voudrait donc s’appuyer sur les partisans du duo Belayat-Daâdoua pour créer un rapport de force et contraindre Saâdani à lâcher du lest. Belkhadem sait que les divisions sont larges et variées au sein de la base du FLN en fonction des courants idéologiques et des rapports de forces par les différents courants. C’est pour cela qu’il souligne : «Il faut que nous travaillions toujours de façon à nous compléter les uns les autres pour combler toute faille qui élargirait le fossé et la division entre les enfants du même parti ». Belkhadem regrette en outre la «situation de division entre militants et cadres dont se trouve le FLN ».
Unir les redresseurs
Dans son appel lancinant à l’union, il écrit : «le travail en commun est une nécessité imposée par la conjoncture et la tradition (…) Nous ne pouvons imaginer de victoire pour les militants alors que le Front est divisé entre le moudjahid et ex-ministre Abderrahmane Belayat et Monsieur Laayachi Daâdoua, dans une conjoncture rongée de complots et de coups contre le parti des martyrs, véritable locomotive de l’Etat algérien».
Qu’est ce qui fait bien courir Abdelaziz Belkhadem que le président de la république a fait sortir par la petite porte de la présidence et du parti ? Il faut rappeler qu’il a été démis de ses fonctions de ministre d’Etat, en août 2014 après avoir assisté à l'université d'été du front du changement qui critiquait le président (photo). La présidence avait rendu public un communiqué dans lequel elle soulignait qu’ «Il est mis fin à toutes ses activités en relation avec l’ensemble des structures de l’Etat». Une fin politique humiliante pour un homme qui était un fidèle parmi les fidèles du président, mais dont l'ambition démesurée lui avait couté chère.
En rendant public cet appel à l’union, Abdelaziz Belkhadem veut signifier qu'il n'est pas mort politiquement. A-t-il reçu des assurances de lancer son mouvement de redressement contre Saâdani ? Ou alors s’agit-il d’une autre tentative de sortir la tête de l’eau et espérer reprendre du service au sein de la hiérarchie de l’Etat. On saura un peu plus dans les jours à venir.