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Bataille d’Alep : l’aide étrangère aux milices a été décisive

10-08-2016 15:31  Mourad Arbani

L'infiltration des milices de Jaïch al-Fath alliées au front al Nosra (rebaptisé front Fath al-Cham) a permis d'occuper quelques pans d'immeubles mais n'a pas ouvert une véritable brèche pour briser le siège de la partie orientale d'Alep, malgré l’ampleur de l’aide étrangère, en particulier celle des navires de guerre américains et leurs réseaux de télécommunications, ainsi que celle des officiers saoudiens, turcs et occidentaux présents sur le terrain.

Le front al-Nosra intégré dans les plans occidentaux

Ces occidentaux qui ne se sont pas gênés d'intégrer dans leurs plans le front al-Nosra, qui s'était éloigné, sur le papier d'Al-Qaida, certainement à la demande de ses sponsors. Dans les médias occidentaux, se multiplient précisément les révélations sur l’importance de l’aide étrangère qui a été accordée aux milices à la veille du déclenchement de leur campagne.

Selon des experts militaires, cette coalition de Jaïch al-Fath et du front al-Nosra compte 30.000 à 40.000 hommes bien entraînés et très motivés, dont environ 10.000 à Alep. Parmi eux figurent plusieurs milliers de mercenaires-jihadistes venus de l'étranger.

Elle dispose de chars, de transports de troupes et d'artillerie, mais aussi de missiles antichars TOW de fabrication américaine.

Des dizaines de camions transportant toutes sortes d’armements, dont des pièces d’artillerie, ont traversé la frontière en provenance de la Turquie, à un rythme quotidien et pendant plusieurs semaines, a révélé un milicien pour le Financial Times.

D’importantes sommes d’argent ont été dépensées au profit des milices le mois passé pour les amener à coordonner ensemble cote-à-côte, a indique pour sa part un opposant syrien résidant en Turquie.

Le Blitzkrieg a échoué

Selon un analyste militaire proche d’un Etat du Golfe, le soutien étranger ne s’est pas limité à l’aide en armements. De nombreux miliciens du front al-Nosra (Fath al-Cham) ont subi un entrainement militaire perfectionné, qui s’est visiblement manifesté à travers les images qui ont montré leur capacité à bombarder des cibles successives dans un diamètre de 100 mètres.

Selon un diplomate occidental, proche de l’opposition syrienne, les Etats-Unis savaient très bien que le front al-Nosra participait à la bataille, d'où cette démarche qui explique le coup de théatre sur leur séparation présumée, perpétrée par le chef d'al-Qaïda Ayman al-Zawahiri et le numéro un du Nosra Abou Mohammad al-Joulani, la veille du lancement de l'attaque.

Selon l'expert Charles Lister, cette alliance a reçu "pour la première fois", à l'occasion de la bataille d'Alep, des armes de fabrication américaine réservées jusque-là aux forces luttant contre le groupe jihadiste Etat Islamique (EI).

Cela étant, l'offensive a échoué alors que selon le journal libanais assafir, citant des informations d’origine syrienne, les Turcs ont dépêché l’une de leurs meilleures unités lors de la deuxième vague de l’attaque pour briser le blocus d’Alep. Elle comptait dans ses rangs des forces du Hizb al-turkestani al-islami et des Ouïghours, des musulmans chinois. Ses éléments ont formé le gros lot des kamikazes, qui ont lancé une attaque simultanée en provenance de l’ouest, au moment où les blindés avançaient en provenance de l’est.

80 attaques suicides

Selon le correspondant d’al-Akhbar, la tactique militaire utilisée s’apparente à celle de l’attaque-éclair, un sorte de Blitzkrieg, la tactique préférée des nazis durant la dernière guerre. Une spécialité attribuée aux milices tchétchènes qui combattent dans les rangs de Daesh. Elle consiste à attaquer les points ciblés à travers des vagues successives d’assaillants-kamikazes (80) jetés en plusieurs petits groupes, dans le but de neutraliser l’efficacité de la force aérienne dont les raids risqueraient dans ce cas de faucher la vie des alliés.

Cette septième tentative de renverser la situation en assiégeant à leur tour les quartiers loyalistes est tombée à l’eau et leur tentative d’ouvrir une voie vers leur fief dans les quartiers Est de la ville s’est finalement réduite à l’ouverture d’une brèche impraticable puisque totalement sous le feu constant de l’armée syrienne et de ses alliés.

Les milices sur la défensive

Le guide religieux de la branche d’Al-Qaïda en Syrie le front al-Nosra, le saoudien cheikh Abdallah Mohaycini a finalement dû se rendre à l’évidence en avouant que « l’infiltration n’est pas suffisante et n’est pas parvenue à briser le siège », malgré l'annonce par le Jaïsh al-Fateh de passer à la phase de la libération de la totalité de la ville d'Alep. Une annonce qui s'apparente à une fanfaronnade médiatique puisque les milices se trouvent présentement sur la défensive.

Une tentative de passer à la nouvelle phase de conquête de la totalité d’Alep a été directement avortée par un raid aérien massif contre leur attroupement dans la forêt d’Al-Assad au nord de la région Rachidine-4 à l’ouest d’Alep. D'autres raids aériens se multiplient dans le gouvernorat province d’idleb, fief du front al-Nosra et grand pourvoyeur d'effectifs terroristes. Ce mercredi encore, 12 raids russes ont visé des positions des milices dans la ville éponyme et son entourage.

30 à 40.000 hommes pour contrer les milices

Pour sa part, l’aviation syrienne bombarde sans répit les attroupements des miliciens dans l’entourage des académies militaires au sud d’Alep, dans le quartier de Ramousseh, déclaré zone militaire depuis que les milices ont tenté de l’occuper.

Selon Almasdarnews, un site proche du pouvoir syrien, les forces gouvernementales ont fait parvenir au moins 100 chars et 400 transports de troupes à Alep, avec au total, 30.000 à 40.000 hommes sur le terrain pour expurger les milices. Le même site révèle également que l'armée syrienne dispose sur place de plusieurs milliers d'hommes aguerris, agissant sous le commandement du célèbre colonel Souheil Hassan (surnommé le Tigre), en sus des forces spéciales de la Garde républicaine et les unités d'élite Al-Radwan du Hezbollah.



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