Le cours du pétrole a été coté le 30 avril 2020 à 26,25 dollars le Brent( 24,14 euros) et le Wit 17, 52 dollars (16,11 euros) du fait d’une décroissance de l’économie mondiale , d’un stockage sans précédent ( USA- Chine , Inde, Europe voir nos interviews le 23/04/2020 à France 24) ) qui a un cout croissant, et d’une demande mondiale en baisse entre 40/50%, certaines estimations donna nt plus de 30 millions de barils jour d’excédent. La loi de finances complémentaire 2020 devra tenir compte de cette baisse drastique influant sur les recettes de Sonatrach , baisse de plus de 50% par rapport à 2019, nécessitant pour le gouvernement, un arbitrage douloureux pour ses équilibres budgétaires et à l’avenir un arbitrage entre la consommation intérieure et les exportations qui procurent avec les dérivées actuellement environ 98% des recettes en devises et par ricochet pour honorer ses engagements internationaux. Cette présente contribution est la synthèse de mes quatre interventions à Alger , la première à l’invitation du Ministère de la défense nationale IMPED le 27 mars 2018 sur la sécurité et le trafic des frontières, la seconde sur la sécurité alimentaire, de l’eau et la sécurité énergique à la salle des conventions , la troisième lors des 11èmes Journées Scientifiques et Techniques (JST) de Sonatrach du 16-19 avril 2018, la quatrième devant les officiers supérieurs à l’Ecole Supérieure de Guerre ESG le 04 mars 2019, l’impact de la baisse du cours des hydrocarbures sur l’économie nationale, un problème de sécurité nationale. Actuellement deux institutions stratégiques sont garantes de la sécurisé nationale, la majorité des acteurs politiques, économiques et sociaux étant tétanisés par cette épidémie, l’ANP et toutes les forces de sécurité et Sonatrach, qui en économie, c’est l’ Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach.
1.- Une baisse sensible de la production exportable de Sonatrach entre 20052018
Il ne faut pas être utopique, les hydrocarbures constitueront encore pour longtemps la principale entrée de devises, devant préparer dès maintenant de profondes réformes politiques , sociales et économiques solidaires et surtout une révolution culturelle des responsables habitués à dépenser sans compter au lieu de gérer afin d’asseoir une économie hors hydrocarbures concurrentielle. Face à donc à la baisse des cours des hydrocarbures (pétrole et gaz-33% des recettes de Sonatrach) qui sera de longue durée tant pour des raisons géostratégiques que des nouvelles mutations énergétiques, le monde tirant les leçons de l’épidémie du coronavirus, s’orientant vers la nécessaire transition énergétique, l’Algérie devra réorienter son modèle de consommation énergétique et Sonatrach, devant penser un nouveau management stratégique. Dans une déclaration reprise par l’APS le 26 avril 2020, le Ministre de l’Energie , supposant un débat serein et objectif, a déclaré en date du que les réserves prouvées de l’Algérie en matière de pétrole sont de 1.340 millions de tonnes, soit 10 milliards de barils et à ce rythme actuel, nous avons encore 27 années de production, que les réserves de gaz naturel qui sont de 2.368 milliards de mètres cubes, auxquels s'ajoutent 260 millions de tonnes de condensat, soit l'équivalent de 4,1 milliards de tonnes de pétrole (Tep). Les experts calculent les réserves rentables, non en statique mais en dynamique , fonction de l’évolution de la consommation intérieure, des exportations, du cout et l’évolution du prix international influencé par les énergies substituables, et de l’évolution du modèle de consommation énergétique mondial , pouvant avoir des importantes réserves mais non rentables économiquement. Selon le rapport de Sonatrach 2018, la production primaire de pétrole brut a été de 48,5 millions de tonnes (contre 49,3 millions de tonnes en 2017), dont 20,7 millions de tonnes ont été réalisées en association avec des compagnies étrangères. La production primaire de condensat a pour sa part atteint 8,9 millions de tonnes (contre 9 millions de tonnes en 2017), dont 2,1 millions de tonnes produites en association avec des compagnies étrangères. La production de gaz de pétrole liquéfié (GPL) est, quant à elle, restée quasiment stable à 7,9 millions de tonnes (contre 8 millions de tonnes en 2017), dont 2,1 millions de tonnes en association avec des partenaires étrangers. Concernant le gaz naturel dont la production n’est soumise à aucune politique de quotas, la production primaire de gaz naturel s’est établie à 132 milliards de m 3 standard (Sm 3) en 2018 (contre 135 milliards Sm 3 en 2017), dont 24,2 milliards Sm 3 produits en association. Si l’on ajoute les quantités destinées au marché national (52,5 millions TEP), les volumes d’hydrocarbures liquides et gazeux commercialisés en 2018 ont affiché une baisse de 6 % à 151,4 millions de TEP contre 161,2 millions de TEP en 2017, en recul de 2,1 % par rapport à 2017 (196,5 millions de TEP produits.
Il est urgent d’analyser l’évolution en volume physique des exportations totales de 2000 à fin 2018 sur la base des rapports officiels de Sonatrach entre 2000/ fin 2018 disponibles sur son site. Les exportations d’énergie primaire ont atteint, en volume, 124 M tep en 2000, 119 M tep en 2001, 137 M tep en 2004, 145 M tep en 2005, 94 M tep en 2008, une baisse de 1,2% par rapport à 2007, 85,7 M tep en 2010, 66,8 M tep en 2015, 76 M tep en 2017, une baisse de 3,8% par rapport à 2016 et fin 2018 72,4 M Tep , une baisse de 4,3% par rapport à 2017. Nous assistons à une baisse vertigineuse des exportations d’énergie primaire en volume notamment du pétrole et du gaz de 73 M tep près de 50% , la hausse des prix durant cette période l’ayant, voilé tout en prenant également en compte la forte consommation intérieure. La structure en volume physique des exportations représente en moyenne entre 2017/2018 pétrole brut 36,0%, le gaz naturel 46,9% ( en volume 17/18% pour le GNL, 25% en valeur ) le condensat 6,3%, et le GPL 10,8%.Quant à la production d’électricité en dehors du pétrole et du gaz, malgré des discours depuis les années 2007 et nécessitant d’importants investissements (il était prévu en2015 entre 80/100 milliards de dollars entre 2015/2030) la production a été selon l rapport officiel du Ministère de tutelle en GWH 150 en 2017 et 188 en 2018. Ces indications corroborent les déclarations de l’actuel ministre de l’Energie qui avait annoncé fin 2019,à l’APN qu’environ 60% des réserves d’hydrocarbures de l’Algérie ont été épuisées lors de l’adoption du nouveau projet de loi des hydrocarbures et que les Algériens ont consommé en 2019 environ 15640 mégawatts d’électricité et 43,4 milliards de mètres cubes de gaz. Lors de son discours à la réunion gouvernement-walis , au Palais des Nations, le Ministre de l’Energie a déclaré que l’utilisation de l’énergie sous toutes ses formes a battu des records en 2019, où les statistiques indiquent la consommation de 15 mille 640 mégawatts d’électricité atteignant, dont 1400 mégawatts dans le sud, tandis que le gaz a été consommé 43,4 milliards de mètres cubes localement et 20 milliards de mètres cubes pour les centrales électriques, sur 1000 milliards de mètres cubes ont été produits, cette consommation locale étant destinée aux ménages essentiellement avec 81 % contre 19 % pour le tissu industriel . Quant au volume de consommation de produits pétroliers, il a enregistré 15,30 millions de tonnes en 2019, divisé en essence avec un volume de 4 millions de tonnes et en fioul de 10,5 millions de tonnes et 860 mille tonnes de pétrole liquéfié. Le programme indicatif pour l'approvisionnement du marché national en gaz 2019-2028, élaboré par la CREG donne une consommation moyenne en gaz à 67 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2029/2030 avec une croissance annuelle de 4,5%, l'évolution de la consommation locale en gaz étant tirée principalement par l'industrie, dont la consommation en gaz passerait de 10 milliards de m3 en 2019 à 17 milliards de m 3 en 2028, avec un taux de croissance annuel moyen de 5,9 % avec l'apparition de nouveaux projets budgétivores posant la problématique des subventions généralisées et non ciblées ayant que cela pose le problème de la gestion interne de Sonatrach étant pour l’instant du fait que les activités à l’aval sont mineures ( pétrochimie notamment) peut être considéré comme une banque comme source de financement. Or, le Groupe est aussi le premier employeur public avec 120 000 personnes, la masse salariale de Sonatrach ayant été d’environ 155 milliards de dinars en 2018 contre 140 en 2017 selon le rapport Sonatrach 2018 soit au cours actuel de 128 dinars un dollar 1,21 milliards de dollars. Des compagnies internationales, pour un chiffre d’affaire similaire fonctionne avec environ 500/600 millions de dollars posant l’urgence d’un nouveau management de Sonatrach devant éviter la dispersion et orienter ses activités vers ses métiers de base .
2.-Quel est le véritable prix de revient de Sonatrach ?
Le Ministre de l’Energie, a déclaré que cout moyen du pétrole algérien est de 14 dollars avec 5 dollars pour Hassi Messaoud, reprenant le rapport Sonatrach 2020, étant un sujet très sensible qui engage la sécurité nationale, Sonatrach devrait répondre aux questions suivantes : Quel est le coût d’extraction au puits c’est-à-dire que le coût de ce gisement se rapprochant du coût de l’Arabie Saoudite alors que selon la majorité des experts ayant travaillé sur ce champs, ce dernier nécessite de forts investissements, afin d’éviter l’épuisement, afin d’accroitre sa productivité ? Est-ce le coût arrivé au port d’Arzew ou de Skikda, tenant compte des coûts de canalisation c’est-à-dire du transport ? Combien représente dans la production le gisement d’Hassi Messoud par rapport au total ? Si l’on prend les données du Ministre et si l’on prend l’hypothèse que la production d’Hassi Messaoud représente 50%, en référence à 14 dollars, cela suppose que les 50% des autres gisements dont l’amortissement n’est pas encore arrivé à terme, le coût approche 24/25 dollars. Selon le site international spécialisé en Energie (IEA, Rystad energy de 2018, le coût par baril en Algérie varie entre 20,40 et 23,50 dollars le baril selon les gisements, la Norvège 36,10 dollars le baril, les USA 36,10, l'Angola 35,40, le Nigeria 31,60, le Mexique 29,10, la Libye 23,80, la Russie 17,20, l’Iran 12,60, les Emirats 12,30, l’Arabie Saoudite 9,90, le Koweït 8,50, l’Irak 10,70, la Chine, souvent oubliée sur une consommation totale d’environ 14/15 millions de barils/j avant la crise, qui produit environ trois à quatre millions de barils/j 29,90 dollars. Quant à l’autre déclaration, qu’au rythme actuel de la production, « nous avons encore 27 années de production et s’’agissant des réserves en gaz naturel de l’Algérie, elles s’élèvent à 2.368 milliards de mètres cubes, le condensat de gaz naturel, les réserves à 260 millions de tonnes, cela mérité tout un débat avec les experts de l’énergie en rappelant que le montant de s réserves est fonction du cout, du vecteur prix international et de la concurrence des énergies substituables , pouvant avoir un niveau important de réserves mais non rentables économiquement. C’est qu’ avec la baisse de son quota décidée lors de la dernière réunion OPEP(40% de la production mondiale commercialisée avec 33% pour l'Arabie Saoudite et hors OPEP -60% de la production mondiale commercialisée), avec la dominance de trois grands producteurs, l'Arabie saoudite, la Russie et les Etats Unis d'Amérique plus de 10 millions de barils/j chacun , entre 145.000 /240.000 barils jour, avec un manque à gagner en moyenne annuelle entre 3/ 4 milliards de dollars pour 2020, dans cette conjoncture de récession économique mondiale, les prévisions de recettes de Sonatrach de 35 milliards de dollars pour 2020 ainsi que d’un montant des réserves de change de 51,6 milliards de dollars fin 2020 ne seront pas atteint. N’oublions pas les exportations de gaz ) qui a vu le cours s’effondrer de plus de 60%, étant coté depuis une année entre 1,5 et 2 dollars le MBTU représentant 33% des recettes de Sonatrach. Les recettes devant être au moins divisées par plus de deux par rapport à 2019 dont les recettes ont été de 34 milliards de dollars, montant auquel il faudra soustraire les coûts d’exploitation et la réduction du quota décidée en avril 2020, l’Algérie produisant moins de 1 million barils/j, avant la réduction du quota avec une nette baisse en volume physique depuis 2007/2008. A 66 dollars en moyenne annuelle pour 2019, les recettes de Sonatrach ont été en moyenne de 34 milliards de dollars. Sous réserve d’une production hydrocarbures en volume physique identique à celle de 2019, ce qui n’est pas évident puisque le principal marché est l’Europe en crise, nous aurons les résultats suivants entre 60 et 20 dollars le baril. A 60 dollars le baril de pétrole, pour 2020 les recettes de Sonatrach seront en moyenne d’environ 31 milliards de dollars, auquel il faudrait retirer une moyenne annuelle de la baisse du quota (entre la fourchette haute et basse des trois phases) retenant 3 milliards de dollars, soit 28 milliards de dollars. A 50 dollars le baril, pour 2020 , le chiffre, d’’affaires serait d’environ 25 milliards de dollars, restant après la réduction des quotas, 22 milliards de dollars A 40 dollars le chiffre d’affaire, serait de 20 milliards de dollars. A 30 dollars le chiffre d’affaire, serait de 15 milliards de dollars. A 25 dollars le chiffre d’affaire, de Sonatrach serait de près de 13 milliards de dollars. A 20 dollars le chiffre d’affaire serait de 10 milliards de dollars Pour tous ces scénarios il faudrait soustraire la baisse du quota entre 240.000/145.000 barils jour suivant les trois phases de réduction), 20/ 25% de charges et la part des associés, pour avoir le profit net. Cela a un impact sur le niveau des réserves de change qui tiennent la cotation du dinar officiel à plus de 70%, en baisse (moins de 60 milliards de dollars en mars 2020, contre 194 milliards de dollars au 01 janvier 2014.D ‘où l’urgence pour l’avenir d’avoir une organisation optimale de Sonatrach et de réhabiliter le Conseil National l’énergie en berne depuis de longue années.
3.-Nouvelle organisation de Sonatrach et réhabiliter le Conseil National de l’Energie pour définir les objectifs stratégiques
Créée le 31 décembre 1963, Sonatrach a vu ses statuts modifiés à plusieurs reprises, avec pour souci de mettre en adéquation ses statuts. Au niveau des prérogatives, ce n'est plus à Sonatrach d'octroyer les périmètres d'exploitation, mais selon la Loi en vigueur à une agence dépendante du Ministère de l'Energie ALNAFT, entretenant donc des relations fonctionnelles avec cette structure autant qu'avec une autre agence, l'autorité de régulation chargée de suivre les mécanismes des prix. La nouvelle loi a fixé à au moins 51% la part de Sonatrach sur les périmètres octroyés par ALNAFT et moins de 49% aux compagnies pétrolières. Mais le partenariat a toujours existé même du temps du socialisme des années 1970. Rappelons que le seul organe habilité à tracer la politique énergétique du pays, relevant de la sécurité nationale est le Conseil national de l'énergie , organe suprême de toute stratégie énergétique, créé par décret présidentiel le 19 avril 1995, qui, dans son article 6, stipule que sous l’autorité du Président de la république :
-le Conseil se réunit périodiquement sur convocation de son président, le Président de la République dont le secrétariat est assuré par le Ministre de l'Energie et composé des ministres dits de souveraineté (Défense nationale, Affaires étrangères, Energie et Finances), du gouverneur de la Banque d'Algérie et du délégué à la Planification.
-Le Conseil est chargé d'assurer le suivi et l'évaluation de la politique énergétique nationale à long terme, notamment de la mise en œuvre d'un plan à long terme destiné à garantir l'avenir énergétique du pays; d'un modèle de consommation énergétique en fonction des ressources énergétiques
nationales, des engagements extérieurs et des objectifs stratégiques à long terme du pays.
-Le Conseil veille à la préservation des réserves stratégiques du pays en matière d'énergie; des stratégies à long terme de renouvellement et de développement des réserves nationales en hydrocarbures et leur valorisation.
-Le Conseil élabore les objectifs stratégiques par de l'introduction et du développement des énergies renouvelables , des schémas d'alliances stratégiques avec les partenaires étrangers intervenant dans le secteur de l'énergie et des engagements commerciaux à long terme.
En nous en tenant à l'organisation du secteur des hydrocarbures, il y a lieu de distinguer plusieurs structures opérationnelles. Nous avons ensuite l'Assemblée générale composée du ministre de l'Energie et des Mines -du ministre des Finances -du gouverneur de la Banque d'Algérie -du délégué à la Planification -d'un représentant de la Présidence de la République. L'article 9.3 précise que l'assemblée générale est tenue de se réunir "au moins deux fois par an en session ordinaire" et en "session extraordinaire à l'initiative de son président ou à la demande d'au moins trois de ses membres, du ou des commissaires aux comptes ou du président -directeur général de la Sonatrach". Au terme de chaque session, l'assemblée générale est tenue d'adresser son rapport au président du Conseil national de l'énergie qui est le Président de la république. Ensuite, nous avons Conseil d'Administration qui est composé notamment du président -directeur général de Sonatrach - du président -directeur général de Sonelgaz - des vice-présidents, du directeur général des hydrocarbures du Ministère - un autre représentant du Ministère - de deux représentants du syndicat de Sonatrach. Enfin vient le comité exécutif composé qui est la véritable cheville ouvrière de Sonatrach. Depuis fin avril 2018 nous avons l’organisation suivante sous la présidence du PDG scindé en deux comités : le Comité exécutif avec la direction Corporate Affairs, la direction transformation, la direction communication et le Comité d’éthique avec le cabinet avec la direction audit/risques, les services sureté interne et les conseillers. Pour l’organisation en DSP, nous avons stratégie-planification-économie-Finances, Business/marketing-ressources humaines. Quant à l’organisation DC nous avons, Procurement/logistique, ressources nouvelles, Engineering/project management, le juridique, Digitalisation/système d’information, santé/sécurité/environnement et la recherche développement. Quant aux structures opérationnelles dirigés par des vice-présidents, chapotant également les nombreuses filiales nous en avons cinq, au lieu de quatre auparavant l’Aval ayant été scindé en deux : activité exploration/production, transport par canalisation, activité liquéfaction et séparation, activité raffinage /pétrochimie et la commerciale. Sonatrach ayant des activités au niveau international, nous avons des holdings opérant à l’étranger dont il conviendra de déterminer la rentabilité pour le pays. Ainsi, l’organisation de Sonatrach est une organisation qui combine à la fois l'organisation hiérarchique et l'organisation divisionnelle, ce qui ne lui acquiert pas la souplesse de ses concurrents au niveau international, sans compter la rigidité du système bancaire et surtout les interférences politiques. Certes, les P-DG des grandes compagnies publiques comme en France sont nommés par le président de la république en conseil des ministres mais à la différence notable , ils sont liés à un contrat de performance avec l'Etat actionnaire, ce qui n'est pas le cas, souvent , pour notre pays, la loi sur l'autonomie des entreprises publiques de 1990 ayant peu d'application. L’on confond ainsi Etat régulateur en économie de marché pouvant détenir des minorités de blocage pour certains segments jugés stratégiques, cette notion étant historiquement datée, avec le Tout Etat (Etat gestionnaire) . C'est qu'il y a lieu de tenir compte de l'environnement international et la problématique de la nouvelle stratégie gazière mondiale. Sur le plan des résultats financiers, faute d'une clarté dans la gouvernance de Sonatrach, on ne discerne pas nettement ce qui est imputable à une bonne gestion interne et ce qui est imputable aux aléas internationaux qui sont déterminants.
4.- En avril 2020, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach
Sonatrach s'assimile en ce mois d’avril 2020 à toute l'économie algérienne exportant pour 98% avec ses dérivées et important à plus de 80% des matières premières des entreprises publiques et privées y compris les inputs pour l’agriculture dont le taux d’intégration, ne dépasse pas 15/20% sans oublier certains les biens essentiels des ménages. Les hydrocarbures brut et semi brut représentent selon les années 35/45% du produit intérieur brut mais en réalité avec les effets indirects de plus de 80% irriguant via la dépense publique les segments bâtiment travaux publics, hydraulique et bon nombre d'autres secteurs étant tirés par la dépense publique via les hydrocarbures. La croissance ou pas de l'économie mondiale joue comme un vecteur essentiel dans l'accroissement ou la diminution des recettes de Sonatrach. Aussi, l'analyse du fonctionnement de Sonatrach ne peut se comprendre sans la replacer à la fois dans la nouvelle configuration de la stratégie énergétique mondiale , tenant compte des coûts, pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement, ces recherches ayant occasionné des coûts entre -temps non amortis, du nouveau défi écologique avec un changement notable du modèle de consommation énergétique qui se dessine entre 2020/2030. La gouvernance d'un pays est elle même inséparable des mutations mondiales devant donc éviter d'isoler la micro- gouvernance de la macro- gouvernance qui sont inextricablement liées. La situation actuelle rend de plus en plus urgent le management stratégique et une transparence de la gestion de Sonatrach devant reposer pour toute démarche scientifique et opératoire du général au particulier, afin de saisir les interactions et pouvoir procéder à des actions par touches successives. Rendre plus efficiente Sonatrach suppose plusieurs actions stratégiques : la replacer dans le contexte international et national ; un système d'organisation au temps réel se fondant sur des réseaux et non plus sur l'actuelle organisation marquée essentiellement sur une vision hiérarchique, des centres de coûts transparents incluant la gestion du partenariat ; une gestion rationnelle des ressources humaines et élément essentiel du management stratégique, impliquer les cadres et être à l'écoute du collectif des travailleurs par un dialogue constructif permanent. La sécurité du pays étant posée, cela implique l'urgence de la volonté politique d'amorcer une production et exportation hors hydrocarbures loin de la logique rentière, supposant un réaménagement profond de la logique du pouvoir. La crise mondiale n'est pas la seule explication de la léthargie de l’appareil productif algérien, 07% de croissance du PB en 2019 selon le FMI, le secteur industriel représentant moins de 6% du PIB du secteur industriel avec la dominance du commerce-services –administration peu performants et la dominance du secteur informel hors hydrocarbures . Les raisons essentielles sont le système bureaucratique sclérosant et le manque de visibilité dans la démarche de la politique économique à travers une instabilité juridique perpétuelle, la rente permettant une croissance du PIB, un taux de chômage en baisse et une stabilité sociale artificiels. Le Groupe au niveau intérieur est donc le véritable moteur de l'économie algérienne, un fournisseur essentiel de revenus d'exportations, de revenus fiscaux, d'emplois.Sonatrach est donc l'Algérie et l'Algérie est Sonatrach et sa gestion et son image se répercutent directement sur l'ensemble de la société algérienne, d'où l'importance de tracer des pistes d'action car malheureusement, récemment, Sonatrach est sortie de ses métiers de base malgré la faiblesse de ses ressources humaines et surtout faisant double emplois avec d'autres départements ministériels notamment dans le dessalement d'eau de mer, récemment dans la production du ciment, l'aviation et projetant de fonder des banques , cette dispersion à vouloir faire tout à la fois grâce à des ressources financières qui sont la propriété de la Nation, a nui d'ailleurs à son management global stratégique. Car, toute entreprise doit prendre des décisions en temps réel, en ce monde en perpétuel mouvement, avec une concurrence acerbe notamment dans le domaine énergétique et surtout d’une société qui procure directement et indirectement avec les dérivées 98% des ressources en devises à l’Algérie. Sonatrach doit s’ouvrir sur la société et l’Algérie ne peut continuer dans l’actuelle trajectoire sans vision stratégique avec des subventions non ciblées source de gaspille et d’injustice sociale, le versement de salaires et traitements sans contreparties productives, quitte à aller vers le FMI 2021/2022, avec d’inévitables tensions sociales. Pour dépasser la situation actuelle, la nouvelle gouvernance tant locale que celle des entreprises , dont celle de Sonatrach ne saurait reposer sur le diktat bureaucratique mais implique de comprendre le fonctionnement la société tenant compte de la morphologie de la société suite aux travaux du prix Nobel de l'économiste indien prix Amyra Sen dans son apport sur l'anthropologie économique dans l'efficacité des organisations et qui influe sur l'entreprise publique ou privée Les institutions ont un rôle très important sur les organisations et la société. Parce qu'il est coûteux de coopérer sur le marché, il est souvent plus économique de coopérer au sein d'une organisation en introduisant l'importance de la confiance et du " capital social " comme ciment de la coopération. L'ensemble de ces actions renvoie en fait à la refondation de l'Etat reposant sur un Etat de droit et de l'urgence d'une gouvernance renouvelée. Etant posé le problème de la sécurité nationale, le nouveau management stratégique est un enjeu énorme de pouvoir, tant les dirigeants que toute la population algérienne étant attentive à sa gestion et son devenir en attendant une stratégie hors hydrocarbures dans le cadre de la chaine des valeurs internationales, fonction de profondes réformes structurelles qui déplacement les segments de pouvoir assis sur la rente.
-Abderrahmane MEBTOUL Expert International professeur d’Université en management docteur d’ Etat (1974) et expert-comptable-diplômé de l’Institut supérieur de gestion de Lille- France –directeur d’études Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007-2013/2015
(1)—Références
-Nos différentes contributions site www.algerie1.com mars avril 2020
-American Herald Tribune(USA)- Prof. Abderrahmane Mebtoul: “The Widespread Financial Scandals Affecting most Sectors of National Activity Threaten the Foundations of the Algerian State” 23 avril 2020 -Dr. Abderrahmane Mebtoul: “Algeria Still Faces Significant Challenges”11 aout 2018 - Prof. Abderrahmane Mebtoul: Any Destabilization of Algeria would have Geo-strategic Repercussions on all the Mediterranean and- 28 décembre 2016-Africa presse Paris -Pr Abderrahmane Mebtoul : onze scenarii d’actions coordonnées pour éviter l’effondrement économique de l’Algérie 29 mars 2020 - Professeur Abderrahmane MEBTOUL : Pourquoi l’Algérie risque la faillite d’ici à 2022… et comment la conjurer 23 juillet 2019- Africa presse paris 8/9/10 aout 2019 Pr A. MEBTOUL (1/3) :« Le développement de Algérie implique la réforme du système politique »- Pr A. MEBTOUL (2/3) : « Il est urgent d’adapter nos partis politiques algériens, pour la majorité liés à des intérêts de rente »- Pr A. MEBTOUL (3/3) : « Pas de développement pour l’Algérie sans vison stratégique de la transition hors hydrocarbures »
-Conférences du Pr A.Mebtoul au parlement européen et au Sénat français, la sécurité énergétique mondiale 2012/2015 - notre contribution à HEC Montréal 2012 « pour un nouveau management stratégique de Sonatrach » Mena/Forum d–Londres/Bruxelles - 11 et 13 novembre 2017- by Dr A. Mebtoul « Urgency of a strategic vision articulating the functions of the State, Local Authorities and the Market » è-Sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul -audit de Sonatrach entre 1974/1976 assisté des cadres dirigeants de Sonatrach et d’experts- Ministère Industrie-Energie 1976 – l’audit sur le prix des carburants dans un environnement concurrentiel assisté des cadres dirigeants de Sonatrach, d’experts, du bureau d ‘Etudes Ernest Young 2006/2007 Ministère Energie Sonatrach, le dossier pétrole et gaz de schistes « risques et opportunités » 2015, assisté de 20 experts nationaux et internationaux.