L'association des amis des deux journalistes français de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés au Mali en 2013, affirment mercredi à Dakar que "deux ou trois" des auteurs ou commanditaires de leur assassinat se trouveraient "a priori" en Algérie.
Tout en dénonçant les lenteurs des deux enquêtes menées en France et au Mali, l'Association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a jugé que quelques progrès avaient été faits, lors d'une conférence de presse à la veille du quatrième anniversaire de la mort des deux journalistes à Kidal (nord duMali), le 2 novembre 2013.
Le porte-parole de l'association, Pierre-Yves Schneider a expliqué que "des suspects sérieux auraient été identifiés. Deux ont été +neutralisés+ lors d'opérations militaires et un serait mort dans un accident de moto. Mais deux ou trois autres seraient toujours en vie, et donc en liberté, a priori du côté algérien de la frontière".
"Il faut que tout soit entrepris pour que les suspects soient arrêtés, même s'ils sont en Algérie. S'ils sont tués ou restent en liberté, l'impunité aura gagné", a-t-il ajouté, en présence de Marie-Solange Poinsot, la mère de Ghislaine Dupont, et d'Apolline, la fille de Claude Verlon.
Les familles et leurs avocats, ainsi que les autres parties civiles, dont Radio France internationale (RFI), avaient été reçues le 15 juin par le juge d'instruction chargé de l'enquête française, Jean-Marc Herbaut.
"Le nom des coupables, des commanditaires, on les connaît. On pourrait dire qu'il suffit d'émettre un mandat d'arrêt. Mais c'est Kidal, c'est une zone de conflit. Aller les chercher, ce n'est pas simple", a expliqué à Dakar la présidente de France Médias Monde, qui regroupe RFI et France24,Marie-Christine Saragosse, en reconnaissant que "le temps de la justice n'est pas celui des familles".
Pour rappel, Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, avaient été enlevés au cours d'un reportage puis abattus près de Kidal, quelques mois après l'opération française Serval dans le nord du pays.
Fin janvier, une enquête diffusée sur la chaîne France 2 avait accrédité pour la première fois l'hypothèse d'un lien entre ces assassinats et les tractations menées pour la libération des otages enlevés en 2010 à Arlit (Niger), dont les quatre derniers avaient été libérés quatre jours plus tôt.
Selon l'enquête de l'émission Envoyé Spécial, l'assassinat des deux journalistes pourrait être une vengeance de kidnappeurs n'ayant pas reçu leur part de rançon. Mais cette piste n'a pas été jugée crédible par les enquêteurs français,une décision que les familles jugent "tout aussi décevante qu'arbitraire".