Dans un rapport publié aujourd'hui, mardi 26 septembre, etintitulé "Ce ne sont pas nos frères : les discours de haine tenus par desautorités saoudiennes", l'ONG américaine Human Rights Watch a dénoncé «leparti-pris d'ecclésiastiques et de théologiens nommés par leur gouvernement etcelui d'auteurs de manuels scolaires distribués dans les écoles et lycées, quidiabolisent les minorités religieuses en Arabie saoudite».
À côté des allusions péjoratives à d'autres religions commele judaïsme et le christianisme, des "cheikhs" affiliés à l'Etatsaoudien stigmatisent les citoyens saoudiens chiites qui subissent desdiscriminations, signale l'ONG américaine. Un membre du Conseil supérieur desoulémas d'Arabie saoudite a ainsi parlé récemment des chiites en ces termes:«Ce ne sont pas nos frères. Ce sont plutôt des frères de Satan».
Selon le rapport de cette ONG, le système judiciairesaoudien soumet régulièrement les citoyens chiites à des traitementsdiscriminatoires ou criminalise de manière arbitraire la foi musulmane chiite. «Parexemple», rapporte Human Rights Watch, «un tribunal saoudien acondamné en 2015 un citoyen chiite à 2 mois de prison et 60 coups de fouet pouravoir accueilli des prières collectives chiites dans sa maison et, en 2014, unautre tribunal saoudien a condamné un sunnite pour avoir "fréquenté deschiites».
Les programmes du ministère de l'Education de l'Arabiesaoudite sont également pointés du doigt par l'ONG américaine. Les manuelsscolaires saoudiens stigmatisent les pratiques religieuses chiites comme étant"shirk" (polythéistes) passibles d'un bannissement de l'Islam, commecelles consistant à visiter des tombes et des mausolées religieux ou cellesdites du "tawassul", c'est-à-dire l'intercession du prophète Mohammed(Que le Salut de Dieu soit sur lui) ou des saints musulmans.
Human Rights Watch a relevé également les incitations à lahaine ou à la discrimination de la part des religieux nommés par l'Etatsaoudien et des agences gouvernementales envers les adeptes du soufisme.
Dans un article publié il y'a quelques années, le chercheuralgérien Zaïm Khenchelaoui, accusait "le wahhabisme (doctrine de l'Arabiesaoudite) d'être la matrice idéologique commune à toutes les sectesexterminatrices soit-disant musulmanes" ("Les autres musulmans sontdes apostats qu'il est légitime de tuer") alors que "le soufismeprône l'acceptation de l'autre dans sa différence et le devoir de miséricorde("rahma") puisque la prière de tous les Musulmans se fait au nomd'Allah, le Miséricordieux" écrivait-il.
De longue date, le régime de l'Arabie saoudite bénéficied'une complaisance douteuse et d'un traitement très indulgent de la part del'Occident, patrie auto-célébrée de la laïcité et de la liberté religieuse.
Human Rights Watch donne un petit exemple qui confirme lapérennité de cette bienveillance accordée, bien entendu, en contrepartie decontrats commerciaux lucratifs.
Alors que la Commission américaine sur la liberté religieusedans le monde a classé à plusieurs reprises l'Arabie saoudite comme "payssuscitant une préoccupation particulière" (sa classification la plussévère pour les pays qui violent le droit à la liberté de culte) les présidentsdes Etats-Unis utilisent depuis 2006, la possibilité d'émettre une dérogation.
Cette dérogation tient, si d'importants intérêts des États-Unis étaient en jeu-d’une une loi américaine sur la liberté religieuse datant de 1998, en faveur deleur allié saoudien qui se trouve ainsi exonéré des possibles sanctions prévuespar cette loi.