Pretoria "a annoncé par écrit au secrétaire général de l'ONU son retrait" de la CPI, a déclaré le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha. Cette décision prendra effet dans un an "à compter de la date de réception" de la lettre adressée mercredi aux Nations unies, a précisé M. Masutha lors d'une conférence de presse.
Depuis son entrée en fonction en 2003, la CPI a ouvert dix enquêtes dans neuf pays, dont huit africains, d'où les nombreuses critiques sur le continent, notamment celles de l'Union africaine (UA) qui a vu dans ce parti pris une "sorte de chasse raciale".
Par la voix de son ministre de la Justice, Pretoria a accusé la CPI de "préférer de toute évidence viser des dirigeants en Afrique, et exclure les autres qui sont connus pour avoir commis ces atrocités ailleurs". Par "les autres", il faut comprendre les dirigeants américains, anglais, français, israéliens, qataris, saoudiens pour les agressions en Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, Yémen, Liban, Palestine...
Pour rappel, en 2015, le gouvernement sud-africain avait refusé d'arrêter le chef de l'Etat soudanais, recherché par la CPI pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour, arguant que M. Béchir bénéficiait, de part sa fonction, d'une immunité. C'est précisément cette affaire qui a justifié la décision de Pretoria de se retirer de la CPI.
La Cour "entrave l'aptitude de l'Afrique du Sud à honorer ses obligations en matière de respect de l'immunité diplomatique", a expliqué vendredi M. Masutha.
Le Parlement sud-africain devra quant à lui voter "prochainement" la loi abrogeant l'application du traité de Rome, selon le ministre de la Justice.