Le gouvernementOuyahia ne s’attendait sans doute pas à une aussi mauvaise nouvelle. Ladélégation d’experts du FMI qui a scanné quinze jours durant, ce qu’on appellele plan de réformes économiques, a douché l’enthousiasme d’Ouyahia et sonéquipe. Jean François Dauphin et ses collaborateurs ont usé d’un lexique que legouvernement n’avait pas l’habituded’entendre.
Il n’est plus questionde satisfecit et autres bons points que le gouvernement brandit comme untrophée de guerre mais d’un réquisitoire en règle sur sa stratégie macroéconomique pour inverserles courbes à court terme.
Si la mission du FMI dit partager le «doubleobjectif des autorités de stabiliser l’économie et promouvoir d’une croissanceplus durable et plus inclusive», elle pense que les mesures préconisées par le gouvernementrisquent tout simplement «d’aggraver lesdéséquilibres, accentuer les tensions inflationnistes et accélérer la perte deréserves de changes».
Une perspective qui mettra,d’après les conclusions du FMI, entre guillemets les objectifs tracés par legouvernement à savoir faire des réformes profondes et fouetter le secteurprivé. Et pour cause, l’équipe de Jean François Dauphin craint fort quel’environnement économique global ne déteigne sur l’agenda des réformes avecles mesures prônées par le gouvernement.
En termes plussimples, le FMI pense que le plan d’action d’Ahmed Ouyahia ne mène pas à lacroissance ni à l’emploi. Il mène plutôt droit dans …mur.
Droit vers l’iceberg
Ce n’est pas dit aussicrûment mais les mises en garde de Jean François Dauphin dans sa conférence depresse et le compte rendu de sa mission le suggèrent très fortement.
Du coup, le gouvernement qui a plaidé contre vents et marées l’optionde la planche à billets pour financer l’investissement, stimuler la croissanceet l’emploi et éponger le déficit budgétaire à l’horizon 2022, est prié gentiment de revoir sa copie. En effet, pour le FMI la stratégie dugouvernement va au contraire «aggraver» les déséquilibres dont souffre déjàl’économie algérienne.
Des conclusions duresà avaler pour le gouvernement qui s’est employé a défendre des optionsdifficilement défendables. Des experts de tous bords l’avaient pourtant mis engarde contre les contrecoups du financement non conventionnelle. Mais il n’arien voulu entendre allant jusqu’à snober les économistes qui traitent «froidement» leschiffres.
Ne voilà -t-il pas quemême le FMI agite un feu rouge devant le gouvernement lui conseillant dechanger de route. Ouyahia va-t-il écouter ses conseils ? Rien n’est moinssûr. Prisonnier d’un agenda politique crucial, le Premier ministre n’a pasvraiment les coudées franches. A une année de la présidentielle, il y a unrisque politique à prendre.
Revoir la feuille de route économique de fond encomble, s’apparenterait à un échec politique qui donnerait du grain à moudre àl’opposition. Pour autant foncer la tête baissée, en ne prêtant pas attention àces mises en garde, présente aussi le risque de percuter frontalementl’iceberg. Le gouvernement est désormais face à lui-même.