Amar Saâdani est plus que jamais déterminé à tenir le congrès, au lieu et à la date prévue : les 28, 29 et 30 mai, à la coupole du 5 juillet. Signe qu’il garde le cap sur cette échéance, qui relève presque d’un défi, la réunion qu’il a tenue mardi avec les Mouhafedhs, après l’installation des sous-commissions de préparation lundi.
En affichant une telle détermination et une telle assurance, le chef du FLN sait qu’il est actuellement maitre du jeu, fort de sa proximité avec l’entourage du président Bouteflika dont il a la bénédiction. Saâdani est sûr d’aller jusqu’au bout. Et quand la presse l’interroge sur les actions de ses adversaires, pour toute réponse, il n’a que ricanement, expliquant qu’il les connaissait mieux que quiconque.
Quant à l’accusation de violer les statuts du parti, en excluant le comité central de la préparation du congrès, il objecte en disant aux journalistes "vous ne connaissez pas les statuts du FLN". A la détermination de Saâdani, Abderrahmane Bélayat et son groupe, opposent la ténacité.
Leur démarche, auprès du ministère de l’intérieur, puis de la Justice, pour obtenir l’arrêt de la préparation du congrès, n’a pas la moindre chance d’aboutir. Pour la simple raison que les ministres qui gèrent ces deux départements sont actuellement du même côté de la barricade que l’homme fort du FLN.
Même l’appel lancé la semaine dernière par des membres du comité central et des parlementaires à Abdelaziz Bouteflika en tant que président d’honneur du parti et en tant qu’arbitre, pour « sauver le parti » de ce qui est considérée par les signataires comme « une dérive dangereuse » est resté sans écho.
Un encouragement de plus pour Saâdani d’aller de l’avant. Pour autant, les contempteurs de Saâdani ne s’avouent pas vaincus. En vieux routiers de la politique, nourris à la ruse de Mohamed Chérif Messadia et la science de Abdelhamid Mehri (les deux qui ont marqué de leurs styles personnels la gestion du FLN), ils savent mieux que quiconque que la politique est l’art du possible.
Le groupe de Bélayat vient de tirer de son chapeau une nouvelle carte, à savoir les signatures de plus de 140 membres du comité central sortant qui dénoncent « la violation des statuts » du parti par Amar Saâdani. Nous croyons savoir que dans cette liste il y a des poids lourds et même des vieilles figures, aujourd’hui loin des joutes organiques du parti.
Cette carte aura-t-elle un effet sur Saâdani ? L’amènera-t-il à infléchir sa position ? A composer avec l’opposition ? A priori, non au vu de l’état des lieux actuels. Mais, il ne faut croire pour autant que Bélayat et son groupe vont renoncer. Ils ont certainement d’autres cordes à leur arc, qu’ils vont utiliser pendant les deux semaines qui restent à la tenue du congrès.
L’honneur de la politique veut qu’ils aillent jusqu’au bout de leur contestation et acceptant l’issue du combat. Quitte à essuyer une défaite. Sauf qu’au FLN l’honneur est souvent sacrifié sur l’autel des intérêts individuels bien compris. Et il n’est pas exclu qu’à l’approche du congrès, un grand nombre de ceux qui sont actuellement dans l’opposition contre Saâdani, acceptent de rentrer dans les rangs. Les retournements de dernière minute sont une règle non écrite au FLN.