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Ait Ahmed : Le coup de gueule de Saâdani

25-12-2015 18:38  Rafik Benasseur

De tous les hommages rendus à la mémoire du géant Hocine Ait Ahmed, celui du secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, parait le plus émouvant en tous cas le plus sincère. «C’est un moudjahid qui a vécu pour l’Algérie. Mais malheureusement il a été confronté à ce qu’aucun moudjahid ou militant n’a été confronté. C’est-à-dire de l’injustice. Il faut que les Algériens libres lèvent cette injustice et le reconsidèrent. Il ne s’est pas opposé à l’État algérien mais aux personnes qui ne voulaient d’État démocratique. Il était démocrate et il voulait la démocratie que nous revendiquons aujourd’hui et que nous cherchons» a asséné le SG du FLN.

Avouons que Saâdani à étonné tout son monde par sa causticité vis-à-vis des pouvoirs successifs. C’est le seul homme politique, à la tête de la première force politique, qui a osé crier à l’injustice contre Ait Ahmed. Son coup de gueule jeudi devant les journalistes s’apparente à un coup de pied dans la fourmilière du pouvoir à savoir que Dda Lhocine est une victime d’un système.

«On piétine notre histoire et on ne donne pas d’importance à notre glorieuse Révolution», déclarait Saâdani à des journalistes stupéfaits par tant de franchise de la part d’un homme proche des hautes sphères de décision. Le SG du FLN ne s’est pas arrêté là puisque il a même revendiqué une part de son parti dans l’héritage de Hocine Ait Ahmed. Il soulignera notamment son combat pour la démocratie et «l’Etat civil» «qui est aussi le nôtre», a-t-il dit.

Réparer une "injustice"

Sans doute que Saâdani faisait allusion au combat du chef charismatique du FFS contre ce qu’il appelait la «police politique» que symbolisait le DRS et avant lui la redoutable sécurité militaire. Vu sous cet angle, on pourrait supposer que le chef du FLN a décidé d’articuler le combat d’Ait Ahmed sur son «Etat civil» qu’il tente de vendre ces derniers temps comme édifice sur les décombres de l’omnipotent DRS version Toufik.

Il est vrai que le leader Hocine Ait Ahmed a surtout souffert durant les années 90, lorsqu’il a tenté de sauver le pays par le dialogue et la négociation pacifique. Mais en face les clans des «janviéristes» avaient une toute autre feuille de route avec les résultats que tout le monde connait. Des hommes politiques et des médias qui leur sont acquis avaient tiré à boulets rouges contre Hocine Ait Ahmed qui dénonçait la «sale guerre».

A l’époque, cet authentique fils de la Toussaint était traité de tous les noms d’oiseaux par ceux là même qui écrasent aujourd’hui des larmes de crocodiles sur sa mémoire. Amar Saâdani est donc dans son rôle de vouloir s’approprier le combat d’Ait Ahmed même s’il ne peut se défiler de sa responsabilité durant les dix dernières années où il était aux commandes. Mais un péché avoué et à demi pardonné comme on dit.



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