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Ait Ahmed contre le…FFS, l’ironie du sort d’un parti

04-08-2018 15:21  Amel Benabi

La formule pourraitchoquer à priori ceux qui ont milité des décennies au sein du parti du chefcharismatique feu Da Lhocine Ait Ahmed. Elle n’en est pas moins vraie quand onobserve les déchirements internes qui minent le près vieux parti d’oppositionen Algérie. Qui aurait cru qu’un AitAhmed puisse un jour jeter la pierre au presque mythique FFS ?

Et bien,c’est ce que fait  le fils de Hocine AitAhmed, Jugurtha, qui vient contre toute attente, de contester la décision desuspension de l’ex chef du groupe parlementaire Chafaâ Bouaiche, par lePremier secrétaire, Mohamed Hadj Djilani, et lui apporter son soutien public.Bouaiche ne s’est pas fait prier pour publier ce message sur sa page Facebook,histoire de prendre à témoin les militants et par extension l’opinion publique.

Le messagede Jugurtha Ait Ahmed à Chafaâ Bouaiche est court mais décapant. « Entre le marteau et l’enclume ! Sisyphe n’est pas un mythe. C’estune réalité souvent brutale qu’il faut appréhender avec abnégation etphilosophie comme tu le fais. Merci pour ton engagement exemplaire. Toncourage. Tu n’as rien à te reprocher bien au contraire. Ta parole responsableet libre est incompatible avec la culture du caporalisme et du centralismedémocratique en marche sous nos yeux ébahis».

C’est un coup de tonnerre dans un ciel serein. CertesJugurtha Ait Ahmed n’exerce aucune fonction organique au sein du FFS, mais ildispose d’une  incontestable autoritémorale  sur le parti par le fait qu’ilsoit le fils et le conseiller de son défunt père Hocine Ait Ahmed. Du coup, sonpropos ou plutôt son coup de gueule prend ici une dimension politique. Ladécision de suspendre Chafaâ Bouaiche de ses fonctions au sein du parti netrouve pas grâce à ses yeux. Elle relève d’un «centralisme démocratique» quis’exerce aujourd’hui au  FFS via lanouvelle direction.

Jugurthabrandit son sabre

Ensaluant le «courage»  de Chafaâ Bouaicheet sa parole «responsable», Jugurtha discrédite dans le même temps les méthodes«caporalistes» de Hadj Djilani et ses collaborateurs. De fait, c’est un grospavé que vient de jeter le fils d’Ahmed dans la mare pas tout à fait propre dela direction du FFS.

Enapportant son soutien au député excommunié, Jugurtha s’inscrit en faux avec lapolitique actuelle du FFS et prend ses distances avec des méthodes defonctionnement de type Stalinien. C’est la première fois depuis la mort duvieux chef historique et fondateur du parti, qu’une voix de la famille déchirel’unanimisme de façade au sein de ce parti pas comme les autres.

D’aucunsavaient prédis que le FFS n’allait pas survivre à son chef charismatique d’oùla décision de mettre en place un présidium à la Soviétique pour maintenir tantbien que mal ce lourd héritage. C’est dire que ce coup de gueule de Jugurthaconstitue un premier coup de pied dans la fourmilière d’un parti qui a fait del’exclusion des voix discordantes sa marque de fabrique.

Peut être même qu’il forcera les dinosaures de ladirection à s’adapter aux règles modernes de gestion d’un parti qui se prétenddémocratique, au risque d’expliquer sur la scène publique. C’est la moindre deschoses à faire pour une formation qui professe la «pédagogie politique» et faitde la «reconstitution du consensus national» son cheval de bataille.

Le message de Jugurtha Ait Ahmed à Bouaiche n'est pas sans rappeler celui adressé le 14 juillet dernier à Salima Ghozali "jalousée par des aparatchik" du parti et marque une claire démarcation par rapport à la direction actuelle de son parti et même à l'égard de la présidence collégiale qui n'est pas celle qu'il avait soutenu lors du congrès extraordinaire.



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