Le 27e sommet de la Ligue arabe, qui s'est tenu lundi 25 juillet à Nouakchott en Mauritanie pour deux jours, a finalement bouclé ses travaux en une seule après midi sur fond de divisions. En effet, seuls six sur les 22 pays (la Syrie suspendue) que compte la Ligue étaient présents, à savoir les émirs du Qatar, du Koweït, les présidents du Yémen, du Soudan, des Comores et de Djibouti.
Salmane et Sissi absents
Initialement annoncés, le roi Salmane d'Arabie saoudite était absent pour "raisons de santé" et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, président sortant de la Ligue arabe, n'est pas venu pour cause d'"agenda intérieur chargé". Le président palestinien Mahmoud Abbas a lui aussi décliné l'invitation alors que ce qui reste de la ligue arabe a réitéré son soutien à la cause palestinienne et consacré la centralisé de cette question.
L'émir du Qatar est resté deux heures
Amim ben Hamad Al Thani, l’émir du Qatar qui faisait parti des rares chef d’État à prendre part à ce sommet, a quitté la capitale mauritanienne deux heures après son arrivé, rapporte le site mauritanien Alakhbar qui précise que l’émir qatari a "assisté brièvement à la cérémonie d’ouverture du sommet avant de s’envoler en direction d’Amérique latine".
Alakhbar ajoute également que Tamim ben Hamad Al Thani "n’a pas été accueilli par le chef de l’État mauritanien" et que son nom "n’a pas été cité dans le discours du président Mohamed Ould Abdelaziz qui a cité nommément l’émir du Koweït".
Des pays comme le Liban et la Libye, qui n'ont pas de président, sont représentés par leur Premier ministre. La plupart des pays arabes étaient représentés par des personnalités de selon plan, ce qui aboutit à une participation à minima où le quorum n'était même pas atteint, ce qui est une première dans les annales des sommets arabes.
Etaient présent également le Tchadien Idriss Deby Itno, invité en tant que président en exercice de l'Union africaine (UA) et du groupe dit G5 Sahel.
Des discours creux
Dans l'allocution inaugurale de la rencontre, le Premier ministre égyptien Chérif Ismaïl avait appelé à une "stratégie arabe de lutte contre le terrorisme". "Nous devons réorienter le discours religieux que des éléments terroristes exploitent à leurs fins pour semer la terreur, la mort et la destruction", avait déclaré M. Ismaïl.
Abondant dans le même sens, le président mauritanien a dénoncé "la violence aveugle des terroristes" et "les interventions extérieures qui alimentent l'instabilité dans le monde arabe". Mohamed Ould Abdel Aziz avait aussi jugé que "l'instabilité dans la région continuera tant que la question palestinienne ne sera pas réglée", dénonçant les "exactions" d'Israël en Palestine et la poursuite de "sa politique de colonisation". Il avait également appelé à des solutions politiques pour les conflits en Syrie, en Libye et au Yémen.
Idriss Deby Itno du Tchad avait de son côté salué le principe, figurant au programme du sommet, de la création d'une "force arabe commune, comme c'est le cas pour l'UA" et prôné des investissements arabes en Afrique. La création de cette force, destinée à combattre les groupes terroristes, avait été annoncée à l'issue du dernier sommet de la Ligue en mars 2015 à Charm el-Cheikh, en Egypte.
Le dernier sommet ?
Rappelons que c’est le premier sommet de la ligue arabe qui se tient en Mauritanie depuis 1973, date de son adhésion à cette organisation et probablement le dernier. En effet, dire aujourd'hui qu'il existe une entité arabe unie ou même une ligue arabe est un non sens tant les divisions sont nombreuses, les antagonismes profonds et irréconciliables.
Qu'a à voir l'Algérie et la Tunisie avec l'Arabie saoudite ou le Qatar ? L'Iraq, la Syrie et le Liban avec les pays du Golfe ? L'Algérie, la Mauritanie et la RASD avec le Maroc ? Qu'ont à voir les monarchies moyenâgeuses du Maroc à l'Arabie, protégées par l'Occident avec la Libye ou le Soudan ? Qu'a à voir le pauvre Yémen bombardé dans l'indifférence totale par les armées saoudiennes, égyptiennes, marocaines, émiratie etc... avec ces derniers pays ? Qu'a à voir la Syrie martyre avec l'Arabie saoudite et le Qatar qui lui ont déclaré une guerre par procuration en engageant quelque 100.000 mercenaires islamistes ? Et la liste est bien longue des profondes divisions entre les pays arabes et même entre les palestiniens eux-mêmes. Alors il est temps que l'Algérie se démarque de cette entité fantoche et consacre son temps et son argent à son développement.