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L’avocat Miloud Brahimi : «le régime n’a pas changé et la justice n’est pas libre »

13-06-2019 16:24  La rédaction

L’avocat des généraux Toufik et Tartag, incarcérés à la prison militaire de Blida, Me MiloudBrahimi, ne se fait trop d’illusion sur l’indépendance de la justice algérienneet estime qu’elle «n’a pas du tout changé mis à part quelques nominations».

Dans un entretien qu’il accordé à notreconfrère El Khabar, Miloud Brahimi, estime que Toufik,Tartag et Said Bouteflika ainsi que Louisa Hanoune sont des «détenuspolitiques»

Il en veut pour preuve que ces quatrepersonnalités s’étaient réunies pour discuter de la «situation politique» etcertains ont appelé l’ex président Zeroual pour lui proposer de diriger unepériode de transition, «exactement comme on parle aujourd’hui de période detransition».

L’avocat n’a pas voulu commenter l’accusation portéecontre Said, Toufik et Tartag de vouloir déposer Gaid Salah estimant que mêmesi elle était fondée, ils ne tombent pas sous le coup de l’article 284 de lajustice militaire qui évoque la «conspiration contre l’autorité d’unchefd’une structure militaire, d’un navire de guerre ou d’un avion militaire» surlequel est fondé l’accusation.

Le chef d’état-major de l’armée est-ildans son rôle d’appeler la justice à accélérer les poursuites des hommesd’affaires et des responsables dans les affaires de corruption ? «Non jene le pense pas», répond le célèbre pénaliste pour qui Ahmed Gaid Salah ajuste le droit comme n’importe quel citoyen de donner son point de vue.

«Il ne faut pas se mentir et mentir auxgens en disant que la justice est devenue aujourd’hui libre et indépendante.Cela n’est possible que dans le cadre d’un régime démocratique qui consacre uneréelle séparation des pouvoirs», assène Miloud Brahimi.          

Plus généralement, l’avocat dit avoir de«sérieuses réserves» sur cette campagne contre la corruption.

Gaid n’a pas ledroit…

«Selon moi, le régime n’a pas changé etla justice est restée la même et je ne peux donc être convaincu que desdécisions soient prises en toute liberté alors que la justice n’a pas changé» souligne Me Brahimi.

Il pointe notamment «l’abus» dans ladétention préventive qui «porte dangereusement atteinte» au principe dela présomption d’innocence.

L’avocat brandit les stipulations de la constitutionet des conventions internationales selon lesquelles toute personne est présuméeinnocence jusqu’à preuve de sa culpabilité.

«Pourquoi recourir à la détentionpréventive contre des personnes qui offrent toutes les garanties pour unjugement hors de prison ? s’interroge Miloud Brahimi

Quid de la présentation des deux exPremier ministres Ouyahia et Sellal devant la Cour suprême alors que laconstitution prévoit une «Haute Cour de l’Etat» qui n’a jamais été mise enplace ?  

«C’est un imbroglio juridique en effet.La Cour suprême n’est constitutionnellement pas habilitée à les poursuivre. Ilva donc falloir trouver les mécanismes pour instituer la Haute Cour de l’Etat pourque leur poursuite puisse être possible», explique l’avocat.

Miloud Brahimi ne comprend pas cette «précipitation»dans le traitement de ces affaires «comme si Ouyahia et Sellal vont fuir», ironise-t-il.  



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