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Atteinte grave au patrimoine à Annaba : la villa Salvatore Colli démolie

12-03-2018 20:53  Khidr Ali

La célébrissime villa Salvatore Colli, de type mauresque située en face de la plage Saint-Cloud, à Annaba, véritable joyau du patrimoine national, puisque construite autour de 1850, a été démolie ce jour en dépit du bon sens. Qui a pris cette décision saugrenue de raser cette villa ? Qui a délivré le permis de démolir alors que plusieurs associations avaient tenté en vain de l'inscrire au patrimoine national ?

En effet, selon le site du patrimoine de Annaba, cette villa a été construite vers 1850 par son propriétaire, Salvatore Colli, qui était un tailleur de vêtements, de confession juive, d’origine andalouse. La maison est d’un style architectural singulier au regard de celui des autres habitations d’Annaba. Elle disposait même d’un jardin s’étendant jusqu’à la plage de Saint-Cloud.

Avant le début de la seconde guerre mondiale, la villa fut vendue à un notable des Chabias, un certain « Abdel Majid ZEMMOURI ». Puis, durant cette même guerre, elle fut réquisitionnée pour servir de maison de repos aux officiers anglais présents dans la région. Aujourd’hui elle appartient au descendants de M. Zemmouri.

La façade donnant sur la mer s’inspire de la mosquée de Cordoue « جامع قرطبة », plus précisément de ses arcs à cinq lobes (appelés polylobés), au niveau de la « maksourah » (l’enceinte réservée au calife) qui précède le Mihrab. La maison est un exemple unique à Annaba : elle exprime la beauté du style mudejar andalous. Elle reflète aussi très bien le métier de son bâtisseur et son penchant pour la sculpture, avec sa corniche en arcs entrelacés à trois lobes, ses chapiteaux, ses étoiles, etc.

arcade maison villa salvatore colli annaba

Détail d’arcade de la villa Salvatore Colli

mihrab mosquée cordoue polylobés

Arcs polylobés de la mosquée de Cordoue

La villa Salvatore Colli est orientée vers la mer. Sa terrasse est d’une échelle monumentale contrairement au reste de l’habitation dont l’échelle est plutôt conventionnelle et davantage utilitaire. Pendant les vacances, on ne vit qu’à l’extérieur : la terrasse, le jardin, la mer…

Autrefois, le jardin arrivait presque jusqu’au sable, seule une rue étroite l’en séparait. La maison est aujourd’hui dépourvue de jardin, tout comme l’ensemble des maisons de ce front de mer, du fait de l’élargissement de cette rue étroite. C’est ce qui explique également le contraste flagrant entre la façade monumentale et les modestes clôtures.

A l’intérieur de la maison, le salon est la seule pièce décorée. Il donne sur la grande loggia : ce sont les deux fenêtres à droite. Celles-ci sont très basses pour permettre une vue sur la mer depuis l’intérieur en position assise. Au milieu du salon, on trouve une belle cheminée en marbre italien, de style néo-baroque, très à la mode en 1850.

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Un véritable désastre cette démolition (photo ci-dessus) qui dénote la parfaite et totale ignorance et le peu de culture des autorités locales et de ceux qui ont décidé de sa destruction alors que les habitants de la Coquette espéraient depuis des lustres une réhabilitation de cette belle maison pittoresque qui nécessitait une sérieuse restauration, car son état de dégradation était très avancé. Au lieu de cela, on a décidé de la raser.



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