Pour la seconde journée consécutive, le personnel navigant commercial d’Air Algérie a fait grève, laissant sur le carreau des milliers de voyageurs en Algérie et sur d’autres aéroports dans le monde sur lesquels sont assurées des dessertes du pavillon national. Cette deuxième grève intervient quelques jours seulement après celle qu'avait désamorcé in extrémis l’ancien directeur général Wahid Bouabdellah. Si la grève est un droit constitutionnel, qu’il ne viendrait à l’idée de personne de remettre en cause, les circonstances de son exercice ne sauraient être indiscutables.
N’aurait –il pas fallu pour les grévistes de faire preuve de patience et reposer leur problème une fois la haute saison dépassée. Car qu’on le veuille, cette grève, dont sont victimes aussi bien l’entreprise elle-même mais surtout les passagers, dont la plupart ont réservé leur billets depuis des mois, s’apparente quelque part a du chantage. Il suffisait juste de se rendre ce matin à l’aéroport Houari Boumediene pour entendre des vertes et des pas mures contre les grévistes dont les explications n’ont visiblement convaincu personne.
Jusqu’où ce bras de fer ira-t-il ? La question est d’autant plus à poser aujourd’hui qu’il ya un large fossé entre ce que propose la direction générale comme augmentation et ce que revendiquent les PNC. Pas plus de 20 % pour l’ensemble des personnels de la compagnie, prévient Mohamed Salah Boultif le nouveau directeur général. Pas moins de 106 %, exigent pour leur part les grévistes qui se référent aux augmentations accordées généreusement par le gouvernement dans d’autres secteurs « pour avoir la paix sociale », selon le mot malheureux du Premier ministre qui ne se rendait pas compte qu’il venait d’ouvrir la boite de Pandore.
Mais là n’est pas le propos. Faut-il donc pour les personnels d’Air Algérie tuer la poule pour manger l’œuf, c'est-à-dire exiger des augmentations qui sont de nature à remettre en cause l’équilibre financier de l’entreprise ? D’autant plus que dans sa nouvelle feuille de route il ya l’acquisition de nouveaux aéronefs dans le cadre du renouvellement de la flotte et de sa mise aux normes internationales de navigation. C’est là toute la problématique d’Air Algérie et que seul un dialogue est de nature à solutionner. Faute de quoi , l’image de cette entreprise, loin d’être reluisante, va s’écorner davantage. Et ce ne sera ni aux bénéfices des travailleurs, ni de l’entreprises elle même. Ce sont les compagnies concurrentes qui vont tirer les marrons du feu.