Un groupe de 14 « personnalités nationales » s’est fondu, il y a trois jours, d’une déclaration, visiblement inspirée pour ne pas dire commanditée, dans laquelle elles s’en prenaient au premier responsable du FLN, Amar Saâdani. En l’absence de ce dernier, c’est le BP du FLN, réuni lundi, qui s’est chargé de riposter dans un communiqué qui qualifie les auteurs de la déclaration de « trompettes » irritées par les nouveaux acquis du FLN et sa nouvelle dynamique, sous la direction du secrétaire général Amar Saâdani, plébiscité par le onzième congrès du parti.
Les signataires de la déclaration, parmi eux l'ex colonel de la wilaya IV Lakhdar Bouregaa, Zohra Drif, Yacef Saâdi, le Commandant Rabah Zerari dit Azzedine, l’ex ministre de l’intérieur et ex consul général à Paris, Abderahmane Méziane Chérif, Djillali Guerroudj, le général à la retraite Abdelmadjid Chérif, beau-frère du président Zeroual, reconverti dans les affaires...font un procès injuste au patron actuel du FLN, l’accusant notamment d’avoir dévié le parti de ses principes fondateurs, de l’avoir mis au service d’une camarilla d’affairistes et d’arrivistes politiques.
Considérant qu’il s’agit d’une « confiscation » du parti artisan de l’indépendance du pays, les signataires, lesquels, soit dit en passant, n'ont aucun lien avec le parti majoritaire, appelent les autres Moudjahidines à se joindre à leur initiative, dans un plaidoyer en faveur de la récupération du FLN pour le restituer à la mémoire collective, en tant que patrimoine national.
Cette déclaration n’est pas sans nous rappeler l’initiative du fameux groupe des 19 qui a fini en eau de boudin. On retrouve d’ailleurs quelques signataires comme Zohra Drif, Djillali Guerroudj, le colonel Bouregaâ. Mais pas Louisa Hanoune, présidente d’un parti politique, ni la sulfureuse ex ministre Khalida Toumi, qui a probablement pris toute la mesure du fiasco de la première initiative pour s’associer à une autre d’emblée vouée à l’échec.
De quelle légitimité les signataires de cette déclaration, qui s’autoproclament « personnalités nationales » peuvent-ils se prévaloir pour revendiquer la récupération du FLN ? Que ne l'ont-ils pas fait avant, c'est-à-dire au moment où d’authentiques personnalités nationales, politiquement désintéressées, avaient réclamé la mise au musée du FLN. Il se trouve, en l’occurrence que la plupart des signataires se sont bien accommodés du FLN, à l’ombre duquel ils se sont fait des affaires, accumuler des milliards, collectionner des villas en Algérie, acquis des biens immobiliers à l’étranger, notamment en France.
Quelle considération accorder à cette déclaration quand un des signataires a récemment défrayé la chronique judicaire après avoir été accusé d'escroquerie par la famille de son « ami » Salah Boubnider, dit Saouet El Arab, dans une vaste affaire de vente immobilière. Ou encore cet autre signataire qui s’est tu comme une carpe pendant de longues années où il était à la tête du consulat général d’Algérie à Paris. Maintenant que la rente est finie le voilà subitement pris de nostalgie pour le FLN historique.
Que dire aussi de Yacef Saâdi et Zohra Drif dont le statut de héros de la bataille d’Alger vient d’être mis en doute par des documents déclassifiés et par des témoins oculaires. Les autres signataires de la déclaration ne sont pas moins suspects. Tous ont tété à ne plus soif la généreuse mamelle du FLN qu’ils veulent aujourd’hui mettre au musée. Non décidément, ils ne sont pas crédibles pour porter une telle revendication. Ils auraient du continuer à s'empiffrer en silence. Mais tout porte à croire qu’ils ont été sommés de sortir de l’ombre en leur qualité d’obligés d’un certain puissant aujourd’hui déchu, à qui ils doivent au moins la reconnaisance du ventre. Mais peut-on parler la bouche pleine ?