La lettre des « 19-4 », c’est ainsi qu’il convient de la désigner désormais, se donne à lire au premier degré, comme l’expression du doute de ses signataires quant à la réalité de l‘exercice du pouvoir par le président Bouteflika, à cause d’un soi-disant groupe qui l’aurait coupé de toute communication avec le monde extérieur.
Les multiples audiences qu’il accorde quotidiennement aux visiteurs de l’Algérie sont là pourtant, pour prouver le contraire et en quelque sorte pour rassurer surtout les auteurs de la lettre, si vraiment ils sont autant préoccupés qu’ils le disent du sort de leur "ami" Abdelaziz Bouteflika.
Mais personne n’est dupe, encore moins les algériens qui regardent la réalité loin des prismes déformants d’une opposition haineuse et revancharde et des «amis » félons. L’objectif de cette lettre, lue pour ce qu’elle veut dire au second degré, c’est de mettre en accusation le frère du président, Saïd Bouteflika.
La technique est connue et fait partie de cette basse manœuvre politique pour abattre un adversaire. Il s’agit de prêter des pouvoirs immenses à Saïd Bouteflika en le plaçant derrière toutes les décisions politiques prises par son frère de président pour faire croire que c’est lui et son "groupe" qui décident.
Présenté ainsi à l’opinion, sous les habits d’un usurpateur de la fonction de président, il devient une cible facile.
Pourtant, la réalité est très loin de ces racontars fantaisistes de l’opposition (c’est l’essentiel de son action politique) et d'une certaine presse qui n'arrêtent pas de bassiner l'opinion publique et qui à l'unisson fantasment et délirent sur le rôle de Saïd Bouteflika.
Pourtant les habitués des arcanes du pouvoir confieront que "le frère du président est loin d’avoir tous ces pouvoirs qu’on lui prête". Pourquoi alors ces tirs croisés dont il est la cible quotidienne. Ce n’est certainement pas pour atteindre son aîné, le président Bouteflika, hors de portée dès lors qu’il a la confiance de la majorité des algériens, qui ne sont pas intoxiqués par les montages abracadabrants des salonnards en mal de fiction politique.
"Celui qui veut être président n’a qu’à attendre 2019" ne cesse de marteler à juste titre Amar Saâdani. Justement, est-ce que le but de cette campagne contre Saïd Bouteflika n’est pas l’échéance de 2019 ? Comment ? En multipliant les attaques contre lui, en le présentant à l’opinion comme une sorte de Raspoutine, pour le discréditer et donc, in fine, faire barrage à son ambition, si tant est qu'il en a une, de briguer un mandat présidentiel.
Après tout, Said Bouteflika est un algérien comme les autres et la Constitution lui permet de candidater pour la présidentielle. On voit bien, avec leurs gros sabots, les adversaires de cette éventualité crier déjà à "la succession dynastique", "l’héritage familial du pouvoir", "l'Algérie n'est pas une monarchie" (dixit Ahmed Ouyahia).
L’Algérie n’est pas les Etats-Unis, certes, mais dans ce pays, il y a bien eu la dynastie des Kennedy, puis celle des Busch, en attendant probablement celle des Clinton. En Pologne les frères Kaczyński ont été en même temps chef de l'Etat et chef du gouvernement, au Canada après Trudeau père c'est au tour de Trudeau fils de prendre la tête du gouvernement à l'issue des élections législatives...
Vouloir succéder à un père, à un frère, pour la magistrature suprême n’est quand même pas une ambition criminelle ni une abomination. A condition bien sûr, que les règles du jeu démocratique soient respectées et que l’administration soit neutre pour l’expression d’un suffrage libre qui soit la traduction de la volonté populaire.
Si donc Saïd Bouteflika viendrait à rêver d’un destin national, ce ne sont sûrement pas les cris d’orfraie de l’opposition qui l’en empêcheront ni les coups de Jarnac des ennemis intimes. Seuls les algériens ont ce pouvoir.